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PFN Position Fortifiée Namur PFN Fort de Malonne



Malonne Position Fortifiée Namur PFN Fort de Malonne
English Translation
Merci à Jean Marie Brams pour les photographies   

Historique Voir ICI
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1914
1940
 
 
 
 
 
 
 
Souvenirs d’un ancien combattant du fort de Malonne (1)
 
 
 
 
Je suis âgé de 89 ans et ne me souviens pas de tous les évènements que j’ai vécu lors de mon séjour au fort de Malonne. Bon nombre de souvenirs qui me restent sont toujours bien présents alors que d’autres se sont fortement estompés.
Conscrit de la classe 1939 et à ma demande, j’ai, comme 58 compagnons, été affecté au fort de Malonne (2) le premier octobre 1939 pour un terme qui devait durer 17 mois. Après une instruction d’un mois au centre de formation du fort de Suarlée, j’ai été désigné comme pointeur en direction à la chambre de tir de la coupole à éclipse pour canons jumelés G.P. (Grande Portée) de 75 mm modèle 34 F.R.C. de gauche.
Comme j’avais terminé mes humanités et que j’avais une bonne et belle écriture, j’ai rapidement été appelé à remplir des tâches administratives au bureau du Commandant Demaret, commandant du fort.
Deux mois après notre entrée en service, nous étions quatre miliciens a être nommé brigadier.
La guerre avec l’Allemagne couvant depuis un certain temps, la classe 1940, appelée anticipativement, a rejoint le fort peu avant Noël 1939.
Une première mobilisation a eu lieu aux alentours du début de janvier 1940. Les conscrits des classes 39 et 40 ainsi que les rappelés des forts de la PFN (Place Fortifiée de Namur) étant déclarés non opérationnels, nous avons été dirigés vers la caserne du 2e Régiment de Lanciers à Namur où nous avons séjourné une dizaine de jours avant de rejoindre nos forts respectifs. Par la suite de nouvelles alertes ont été décrétées dont une suivie d’un nouveau déplacement des conscrits et des rappelés vers Namur. Sur demande expresse du commandant du fort, je suis resté à ses ordres pour poursuivre mes activités administratives.
Le 10 mai, la garnison du fort a été informée par l’Etat major de la PFN de la déclaration de guerre et du début de l’invasion du pays par l’armée allemande.
Le lendemain ou le surlendemain, alors que nous profitions du soleil sur le glacis, le fort a été pris à partie par des Stuka. Alertés par les sirènes des avions, nous nous sommes précipités à l’abri. Les Stuka ont largués 4 à 5 bombes sur le bâtiment d’entrée, les locaux d’escarpe et sur le coffre flanquant. L’explosion des bombes faisaient trembler les murs et remplissait le fort de bruits sourds. Les hurlements des sirènes des Stuka s’entendaient à l’intérieur du fort et étaient plus éprouvants que l’explosion des bombes et portaient sur les nerfs.
Par la suite, le fort a été bombardé à quelques reprises mais une seule fois par jour. Ce traitement répétitif finit par provoquer l’effondrement d’une partie de la contrescarpe non modernisée. L’occupation du bâtiment d’entrée, des locaux d’escarpe et du coffre flanquant étant dangereuse et peu utile, le personnel gagna la partie centrale du fort. Le fort n’a subi aucun bombardement de nuit.
Le calme s’installa alors pour quelques jours. Nous en profitions pour prendre l’air lors de nos périodes de repos. Certains de mes compagnons recevaient même la visite de petites amies.
Le commandant du fort m’avait appelé pour me proposer de poursuivre des tâches administratives. Comme il me laissait toutefois le choix, j’ai souhaité rester à mon poste.
Le premier bombardement par l’artillerie ennemie débuta le 15 mai par des tirs provenant de la direction de la chaussée de Nivelles. L’explosion des obus était peu audible et ne causait guerre de dégâts. Les canons allemands étant localisés et à notre portée, ils reçurent nos obus. Les tirs ennemis étaient peu soutenus et ne duraient pas plus d’un quart d’heure. Les nuits étaient calmes. Nos canons tiraient leurs obus suivant les coordonnées et les corrections de tir reçues du bureau de tir du fort. Non seulement j’effectuais l’orientation en direction des canons mais en plus j’aidais les deux chargeurs à la manipulation des obus pour augmenter la cadence de nos tirs. Les canons de ma coupole tiraient ses obus en direction des véhicules et des blindés allemands progressant sur la chaussée de Nivelles située à environ 10 kilomètres, soit à portée maximale, et sur la route Namur – Bois-de-Villers, à un point de passage obligé situé à environ 1 kilomètre, vers le début du chemin militaire. Notre coupole comme d’autres d’ailleurs restait dérobée et ne montait que pour le temps strictement nécessaire à chaque tir.
La tension provoquée par notre situation m’empêcha souvent de fermer l’œil. Il a du en être de même pour une grande partie de la garnison. Je n’ai plus quitté ma coupole qu’à de rares occasions, par nécessité ou pour prendre l’air.
Le dispositif d’aération forcé de la tour d’air ne fonctionnait plus. La tourelle lance-grenades inefficace sur à sa rotation trop lente avait été abandonnée. Le fort n’avait plus aucune liaison que ce soit avec l’état-major, Suarlée ou Saint-Héribert (Wépion) et nous n’avions plus aucune nouvelle sur la situation extérieure. Nous savions toutefois que les forts de Liège avaient tous capitulé. Plus tard, nous avons appris que notre armée avait battu retraite le 15 en abandonnant les forts de Namur à leur sort. Notre mission était de retarder la progression de l’ennemi pendant au moins une semaine.
Le 21 mai dès le matin, des mortiers en batterie dans le vallon de Bransart situé à quelques centaines de mètres du fort, nous ont déversé un déluge de feu. Comme cette artillerie se trouvait à portée de tir de nos boîtes à balles (4), nous ne nous sommes pas privés de l’arroser copieusement. Les Stuka s’attaquèrent à l’obusier de 75 (3) situé à gauche des locaux d’escarpe et dont la coupole fut finalement culbutée et rendue inutilisable. Les artilleurs Grolet et Paquet furent tués. Le poste de tir fut abandonné et sa porte blindée condamnée. Des bombes explosives traditionnelles et des inertes au corps en béton furent utilisées. Ces dernières provoquaient leur effet destructeur par leur poids lors de l’impact. Je me souviens qu’une telle bombe a touché une coupole qui fut fortement ébranlée mais pas détruite.
Malgré les bombardements des Stuka qui se poursuivaient, des troupes d’assaut allemandes sont parvenues à franchir le fossé de front qui n’était plus défendu et infiltrer le glacis du fort. Nous tirions des boîtes à balles qui ont du faire beaucoup de dégâts dans les rangs ennemis. Par la lunette panoramique de la coupole, nous pouvions voir des allemands et les brancardiers circuler sur le fort malgré les balles qui les fauchaient. L’infanterie allemande a fini par faire exploser la porte blindée isolant l’obusier de 75 détruit et libérant ainsi un accès direct vers l’intérieur du fort. Même si l’infanterie allemande avait pris pieds dans le fort, aucun combat interne n’a eu lieu et elle n’a pu progresser suite aux autres portes blindées et obstacles mis en place.
Bien que le fort soit toujours opérationnel, nous savions que toute résistance devenait dangereuse et inutile. Le Commandant Demaret a fait hissé le drapeau blanc vers 14 heures. Les tirs ont cessé et le silence s’est installé à l’intérieur du fort. L’ordre a été donné de saboter les canons. Nos armes, nos munitions et du matériel sensible ont été jetés dans le puit du fort. Peu après, mes compagnons et moi sommes sortis sur le glacis du fort et malgré l’éblouissement provoqué par le soleil, nous avons vu de nombreux soldats allemands se lever autour de nous, sans manifester d’agressivité.
Plus tard, la garnison s’est rangée le long du côté gauche du fossé de gorge, devant l’escarpe, sous la surveillance de l’ennemi. Un groupe d’officiers allemands est arrivé et le Commandant Demaret a parlementé avec un général avant de lui tendre son pistolet. Le général a refusé de le prendre et a autorisé notre commandant à le garder.
Le Commandant Demaret s’est ensuite adressé à toute la garnison pour la remercier de son courage et faire ses adieux.
Après accord des allemands, nous avons récupéré un minimum de nos effets. Lorsque la garnison a quitté le fort, une haie formée d’un détachement allemand nous a rendu les honneurs. A pieds, nous avons gagné Bioul où nous avons passé la nuit. Quatre camarades sont restés au fort à la demande des allemands. Quelques jours plus tard, lorsque leurs tâches ont été terminées, ils ont été invités à rejoindre leur garnison. Ils sont simplement rentrés chez eux où ils n’ont pas été inquiétés. Nous avons appris que le fort de Suarlée s’était rendu le 20 et celui de Saint-Héribert le 21 vers midi. Les Allemands faisant courir des informations sur une libération proche, personne n’a pris la fuite. Etant de corvée eau avec mon ami Jean Yans, nous avions l’opportunité de nous éclipser. Nous en avons discuté mais n’en avons finalement rien fait. C’est ainsi que mes compagnons et moi nous sommes retrouvés en déportation en Allemagne. Pour ma part, je suis resté attaché pendant cinq ans du stalag IV A à un commando de travailleurs stationné à Grillenburg à partir du 29 juin 1940, à seulement quelques kilomètres de Dresde. J’en revenais d’ailleurs avec un cheval et un chariot lorsque j’ai été témoin de son effroyable bombardement de février 1945.
J’ai successivement été bûcheron, terrassier et fermier.
Notre commando a finalement été libéré par des troupes russes.
Le retour en Belgique s’est effectué à pieds, en camion, en car, au train (4) et en avion. Je suis rentré chez mes parents le 19 mai 1945.
La garnison du fort n’a en fin de compte posé aucun acte glorieux. Elle a simplement fait son devoir jusqu’au bout dans un type de fortification dépassé et avec du matériel souvent inadapté.
Jusqu’à la reddition, la garnison a mangé à sa fin, à temps et à heure, sur les réserves du fort. Les cuisiniers, hors des alertes et des combats, avaient accès aux cuisines se trouvant dans les locaux d’escarpe qu’ils fallaient rejoindre en traversant le fossé de gorge.
Je me souviens, alors que j’étais à mon poste dans la tourelle, avoir reçu les coordonnées d’un char allemand. Le char fut pulvérisé par le tir d’un obus. Lors de vérifications, il s’avéra que le char était en réalité une moissonneuse-batteuse.
 
Propos recueillis par Jean-Marie Brams en décembre 2008.
 
(1) Adelin Legrand, né à Sart-Saint-Laurent le 9 octobre 1919 et domicilié à Franière.
(2) 6e Batterie du RFN (Régiment de la Fortification de Namur).
(3) Pièce sous les ordres du maréchal des logis Maurice Saussin de Franière-Deminche. Aucun autre canon
n’a été rendu inutilisable par les attaques allemandes.
(4) Boîte à balles modèle 1934 pour défense rapprochée : 205/206 balles en alliage de plomb et d’antimoine
d’un diamètre de 14, 15 et 16 mm.
(5) Le convoi a franchi un fleuve sur un pont de fortune constitué de rails maintenus par les câbles.
 
NB : Selon Adelin Legrand, le fort n’a déploré que deux morts, des artilleurs de la coupole de 75
retournée. Trois autres membres de la garnison furent tués hors du fort lors d’une rotation de
personnel. Ces éléments contredisent ceux rapportés par A. Simon. Toutefois, les souvenirs d’Adelin
Legrand sont-ils totalement fiables ? Le mémorial situé au cimetière de Malonne, une reconstitution
d’une coupole d’obusier de 75, porte les noms de J. Closset, A. Colet, V. Libois, V. Grolet et A.
Paquet.
 
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