PFN Position Fortifiée Namur Fort d'Emines









Suarlée Position Fortifiée Namur PFN Fort d'Emines
English Translation
Merci à Jean Marie Brams pour les photographies
 


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Le petit fort d’intervalle Brialmont d’Emines

Position Fortifiée de Namur (P.F.N.) – III° secteur

Fort triangulaire modulaire A1, B1, C1, D1

5080 La Bruyère (Emines) - Province de Namur – Belgique

Note de l’auteur

Mon article a pour but de mieux faire connaître une fortification en relatif bon état de la P.F.N. et n’a pas la prétention d’être exhaustif. Toute erreur et toute omission sont à signaler à Claude Balmefrézol qui m’en fera part pour rectification ou modification de l’article.

 

L’œuvre du général Brialmont

La défaite française de 1871, après le siège de Paris, déclencha en Europe du Nord la construction de nouvelles fortifications permanentes tout en tenant compte des progrès de l'artillerie. En France le maître d'œuvre fut Raymond Séré de Rivière, auteur des rideaux défensifs et des défenses de places comme Verdun et Reims.
Dans les territoires annexés par l’Allemagne suite à la guerre de 1870 furent protégés par les Festen (1), dont s'inspira plus tard la ligne Maginot. En Belgique ce fut Henri-Alexis Brialmont (1821-1903), qui compléta la fortification d’Antwerpen (Anvers - en site humide) et dirigea plus tard celles de Namur (PFN - Position Fortifiée de Namur - en site sec) et de Liège (PFL - en site sec). Les forts ont été équipés de canons équivalents aux plus puissantes pièces d'artillerie de siège françaises et allemandes de l’époque. Le concepteur intégra dans ses plans certains enseignements tirés des observations menées au cours de la crise de l'obus-torpille, qui vit vers 1883 une mutation profonde de l'artillerie désormais à longue portée dont les projectiles étaient chargés d'explosifs brisants. Brialmont définit le rôle les forts comme points d'appui des troupes de campagne et ils devaient ralentir la progression de l'ennemi le temps de la mobilisation.
Les forts belges étaient considérés au début de la première guerre mondiale comme imprenables. Mais les blindages et les armements ne pouvaient faire face à une artillerie allemande moderne très performante. Les structures ont toutefois résistés à la violence des attaques grâce à l’importante épaisseur du béton.


La P.F.N.

La P.F.N. était constituée de neuf forts construits entre 1888 et 1891 autour de Namur. Ils avaient pour but d'empêcher une éventuelle invasion française. Comme ceux de Liège, ils furent construits avec un matériau inédit pour l'époque, le béton (ciment Portland). Les forts de Namur ont été disposés comme suit :

Rive gauche de la Meuse : Suarlée (grand fort), Emines (petit fort), Cognelée (grand fort) et Marchovelette (petit fort).
Rive droite de la Meuse : Maizeret (petit fort), Andoy (grand fort) et Dave (petit fort).
Entre-Sambre-et-Meuse : Saint-Héribert (grand fort) et Malonne (petit fort).
Les canons d’un fort et de ses voisins pouvaient conjuguer leurs tirs sur un même objectif. De plus, lorsqu'un fort était investi par l’ennemi, il pouvait demander l'aide des forts voisins qui se couvraient mutuellement. L’emplacement des forts de Namur et de Liège était choisi de telle façon que l'assaillant était obligé d'attaquer trois forts en même temps pour obtenir des résultats probants.
Les forts pouvaient se défendre d’une attaque directe d’infanterie à l’aide de tirs de boîtes à balles. Afin de protéger les forts de l’investissement par l’infanterie ennemie, des buissons d'ajoncs dont les feuilles pointues provoquant des blessures douloureuses furent plantés sur le pourtour extérieur des fossés et des massifs centraux. Certains plants subsistent à Saint-Héribert, à Malonne et probablement ailleurs aussi.
L’observation et la recherche du renseignement se faisaient par occupation des points hauts des environs et du clocher des églises, à partir des coupoles de 12 et 15 cm et de la tourelle du projecteur ainsi qu’au moyen de patrouilles.
Le téléphone, les pigeons et les estafettes étaient utilisés comme moyens de communication. Les fils téléphoniques aériens furent rapidement coupés par l’ennemi dès le début de son offensive sur la P.F.N.

 

Armement standard des petits forts triangulaires

Pour l’action lointaine :

- 1 coupole pivotante Grusson, St Chamond ou du Creusot équipée de 2 canons Krupp de 15 cm d’une portée de 8,3 Km et
tirant des obus d’un poids de 39,3 kg. L’équipage comprend 25 hommes.


- 2 coupoles pivotantes St Chamond ou Chatillon Commentry armée chacune d’un canon Krupp de 12 cm tirant des obus
ordinaires de 18,4 kg à 8 Km, des obus en fonte de 20 kg à 5 Km et des obus shrapnels (290 billes de 50 gr) de 19,7 kg à 6,1
Km. L’équipage comprend 25 hommes.
- 1 coupole pivotante Grusson équipée d’un obusier Krupp de 21 cm d’une portée de 6,9 Km et tirant des obus ordinaires de 91


kg et des obus shrapnels de 90,7 kg. L’équipage comprend 13 hommes.

Pour la défense rapprochée :

- 3 coupoles Gruson Werke à éclipse pivotantes équipées chacune d’un canon Nordenfeld de 5,7 cm à tir rapide (cadence
maximale de tir : 36 coups par minute) tirant des obus en acier de 2,730 kg et des boîtes à balles (56 balles de 16,2 gr, 68
balles de 13,34 gr et 72 balles de 12,6 gr) de 3,670 kg à 300 m. L’équipage comprend 4 hommes.

Pour la défense des fossés :

- 6 canons Nordenfeld à tir rapide de 5,7 cm montés sur affût crinoline, sous casemates situées dans les coffres. L’équipage
comprend 4 hommes.

Pour la défense de la rampe d’accès et l’entrée :

- 1 canon Nordenfeld à tir rapide de 5,7 cm monté sur affût crinoline, sous casemate située dans les locaux d’escarpe.
L’équipage comprend 4 hommes.

 

Pour l’infanterie de forteresse :

- 2 (ou 4) canons Nordenfeld à tir rapide de 5,7 cm montés sur roues.

Les canons de 5,7 cm tiraient des munitions encartouchées alors que les canons de 12 et 15 cm et l’obusier de 21 cm utilisaient des gargousses chargées de poudre noire pour le tir de leurs obus. Les gargousses étaient entreposées dans les deux magasins à poudre situés entre le massif central et les locaux d’escarpe.

 

Principaux défauts des forts Brialmont

 

- Manque de résistance du béton non armé ;

- Mauvais accrochage entre les lits de béton ;

- Concentration de l’artillerie offensive sur le fort formant une cible unique ;

- Manque d’observatoires avancés et d’observatoires sur l’ouvrage ;

- Ventilation quasi inexistante ;

- Absence de souterrain entre les locaux d’escarpe et les locaux de contrescarpe (cuisine);

- Communications téléphoniques par fils aériens.

 

Description du fort

Légende du fort d’Emines

 

  1. Rampe d’accès

  2. Poterne et pont escamotable

  3. Corps de garde

  4. Casemate d’infanterie flanquant l’entrée

  5. Logement du conducteur d’artillerie

  6. Abris pour canons à tir rapide de 5,7 cm

  7. Galerie d’accès au coffre flanquant

  8. Pièges à obus

  9. Poudrières de temps de paix

  10. Latrines

  11. Cellules des punis

  12. Lavoir

  13. Local de manutention

  14. Laboratoire

  15. Cuisine et magasin

  16. Magasin à munitions de 5,7 cm

  17. Casemate flanquante à 2 niveaux pour 2 canons de 5,7 cm

  18. Casemate flanquante pour fusils - Aération

  19. Escalier d’accès à la sortie d’infanterie sur le terre-plein et au phare cuirassé

  20. Local sous-officiers

  21. Locaux troupe

  22. Casemate pour canon de 5,7 cm à tir rapide couvrant la rampe d’accès au fort

  23. Coupoles à éclipse pour 1 canon de 5.7 cm

  24. Couloir de front de rue

  25. Poudrières avec sas d’accès à guichets de distribution

  26. Magasin à charbon

  27. Bureau de tir, mess officiers - Local de la télégraphie

  28. Galerie centrale

  29. Escalier d’accès aux locaux du massif central

  30. Accès vers coupoles pivotantes pour 1 obusier de 21 cm, 1 canon de 5,7 cm et vers coffre de tête

  31. Accès vers coupole pivotante pour 2 canons de 15 cm

  32. Coupole pivotante pour 2 canons de 15 cm

  33. Coupole pivotante pour 1 canon de 12 cm

  34. Magasins à obus

  35. Puits et citernes

  36. Chambres

  37. Salle des machines et chambre du mécanicien

  38. Coupole pivotante à un obusier de 21 cm

  39. Couloir d’accès à la coupole à éclipse pour 1 canon de 5,7 cm et coffre de tête double

  40. Coupole à éclipse pour un canon de 5,7 cm et escalier

  41. Couloir de retraite communiquant avec le coffre de tête - Puits d’aération - Cloche d’observation

  42. Coffre de tête double

  43. Sortie d’infanterie sur les fossés et le terre-plein du massif central

  44. Sortie « moderne »

  45. Sortie de secours

  46. Entrée de la galerie de liaison avec les locaux d’escarpe et la sortie de secours située sur le glacis du fort

 

Le fort complètement enterré, construit au sommet d’une colline (altitude 190 m) sous le schéma modulaire des petits forts Brialmont A1 - B1 - C1 - D1 (2), se présente sous une forme triangulaire (3 saillants : le I à gauche, le II à la tête et le III à droite) d’environ 200 m de côté dont l’accès unique se fait par une rampe joignant le tambour et le bâtiment d’entrée orienté vers Namur, le tout décalé vers la gauche. Deux embrasures pour fusils se situent perpendiculairement à la façade et à la poterne. Le couloir d’entrée est défendu par un pont roulant escamotable sous le corps de garde découvrant un fossé sec de 3,50 m de profondeur et de 5 m de longueur. Quatre goulottes lance-grenades dirigées devant et derrière le pont complètent le dispositif. Une grille ferme le couloir. Le local du conducteur d’artillerie occupe le côté droit du bâtiment d’entrée, face au corps de garde.


La façade et la partie supérieure des locaux de contrescarpe de front sont bétonnées. Directement à gauche du bâtiment d’entrée ne se trouvent que deux remises pour canons de 5,7 cm Nordenfeld d’infanterie. Sur la droite se succèdent plusieurs locaux dont la cuisine de guerre et son magasin (en temps de paix le ravitaillement venait de l’extérieur), l’infirmerie, le lavoir, les latrines et la morgue. Ces locaux, pourvus d’une fenêtre ou d’une porte vitrée orientées vers le fossé de gorge, sont reliés entre eux par des portes ou des couloirs intérieurs. L’accès au coffre flanquant se fait par un couloir situé dans le prolongement les locaux de contrescarpe. Cette dernière se termine par deux garages destinés à la protection de canons de 5,7 cm Nordenfeld d’infanterie et par trois pièges à obus remplis de sable et situés face à 2 des canons du coffre de tête.
Le coffre flanquant (saillant I), constitué de plusieurs casemates sur deux niveaux reliés par un escalier, fait face au fossé de front rectiligne qu’il défend avec ses 2 canons de 5,7 cm de forteresse. Un canon est installé au niveau inférieur et l’autre au niveau supérieur. Cette disposition, utilisée également au coffre de tête, permet de poursuivre le tir de défense en cas d’effondrement des murs d’escarpe ou de contrescarpe. Le coffre flanquant est défendu pour deux embrasures pour fusils et des goulettes lance-grenades.


L’accès aux locaux d’escarpe bétonnés (D1) se fait par un couloir d’entrée défendu par un pont roulant escamotable du même modèle que celui du bâtiment d’entrée. Ce pont, muré par les allemands, se trouve toujours en place mais n’est pas visible et son fossé est comblé. Les chambrées, d’autres locaux dont un cachot et une casemate équipée d’un canon de 5,7 cm défendant l’axe du couloir du bâtiment d’entrée sont disposés de chaque côté de la façade de l’escarpe. Un couloir de circulation (ou de front de rue) permet l’accès à ces locaux ainsi qu’à deux tourelles à éclipse équipées chacune d’un canon de 5,7 cm et à deux étroits couloirs pourvus chacun de 3 fenêtres destinées à l’éclairage des poudrières. Les lampes se trouvent du côté couloir, derrière des vitres, afin de sécuriser les poudrières. Ces dernières se trouvent de part et d’autre de la galerie conduisant au massif central. Elles sont pourvues chacune d’un sas de distribution des gargousses stockées. Le magasin à charbon précédait l’escalier montant à la galerie centrale. Des ouvertures facilitent l’alimentation de la chaudière de la salle des machines située dans la partie avant gauche du massif central.
Le massif central (C1) bétonné de 3 à 4 m d'épaisseur est entièrement entouré d'un fossé sec profond de 6 m et large de 8, défendu par les canons du coffre de tête et du coffre flanquant. A gauche de l’escalier d’accès à la galerie centrale. Le massif central occupe le centre du triangle du fort. Un escalier coupé par des paliers relie les locaux de contrescarpe à la galerie centrale (ou local de rassemblement). La salle des machines est équipée d’une chaudière à charbon entraînant un alternateur qui fournissait l’électricité. Cette dernière était réservée aux tourelles, au projecteur et à de rares locaux.
La galerie centrale présente de nombreuses ouvertures communiquant avec (dans le sens horlogique) :
- La coupole équipée de 2 canons de 15 cm et ses deux magasins à obus ;
- Une première chambre ;
- Un magasin à obus de 12 cm ;
- La première coupole pourvue d’un canon de 12 cm ;


- Latrines ;
- Le local de commandement et de téléphonie ;
- L’escalier conduisant à la sortie d’infanterie du glacis et au projecteur cuirassé pivotant (portée de 3 Km fabriqué par les Ateliers de la Meuse à Liège) se trouvant au-dessus de la galerie centrale ;
- L’escalier vers les locaux d’escarpe ;
- La chambre du mécanicien de la machinerie ;
- La salle des machines, le puit de 40 m de profondeur et l’une des deux citernes d’eau ;
- Latrines ;
La seconde tourelle pourvue d’un canon de 12 cm ;
 Un magasin à obus de 12 cm ;
- La seconde chambre ;
- La galerie conduisant à l’obusier de 24 cm et ses magasins à obus.
A gauche de cette galerie, juste avant la tourelle de l’obusier, débute la galerie reliant le massif central à une tourelle pourvue d’un canon de 5,7 cm (B1) et à la galerie de communication (B1). Cette dernière permet d’accéder au coffre de tête et à sa sortie d’infanterie par un souterrain passant sous le fossé gauche et non sous la jonction des fossés gauche et droit du saillant II (comme prévu au module B1 - particularité due à la présence d’un affleurement rocheux qui a été contourné). Les deux escaliers et le souterrain de la galerie de communication ont été renforcés par l’occupant au moyen de tôles. 

Le coffre de tête (A1) (saillant II) se divise en 3 parties. Une sortie d’infanterie située au centre du coffre fait face au talus de contrescarpe. De chaque côté de la sortie d’infanterie sont disposés plusieurs casemates sur deux niveaux reliés par un escalier. Quatre casemates font face au fossé gauche et quatre autres font face au fossé de droite. Chaque groupe de casemates est armé de 2 canons de 5,7 cm de forteresse destinés à défendre leur fossé respectif. Pour chaque groupe de casemates, 1 canon est installé au niveau inférieur et 1 au niveau supérieur. Cette disposition permet de poursuivre le tir de défense en cas d’effondrement des murs de contrescarpe. Les 2 groupes de casemates sont chacuns défendus par deux embrasures pour fusils et des goulettes lance-grenades.
L’escarpe verticale des fossés gauche et droit est totalement bétonnée. La contrescarpe de ces fossés est constituée par un talus en terre coulante inclinée à 30 degrés.
Six pièges à obus remplis de sable occupent le saillant III (jonction du fossé droit et du fossé de gorge). C’est à cet endroit qu’est aménagé l’accès moderne.
Le fort avait pour mission de protéger la route Wavre - Namur et le chemin de fer Bruxelles/Wavre - Namur ainsi que flanquer l’intervalle entre Suarlée et Cognelée.
Le fort se situe en bordure et à droite de la route Namur - Perwez, au sommet de la dernière colline avant la descente sur Emines, à 4.150 m du fort de Suarlée, à 3.378 m du fort de Cognelée et à 4.750 m de la ville de Namur et sa citadelle.
Les missions du fort sont le flanquement d’intervalle entre les forts de Suarlée et de Cognelée et leur protection tout comme celle de la chaussée Namur – Wavre, du chemin de fer Namur - Bruxelles et Namur - Ramilies.
Evènements du 21 au 24 août 1914
Lors du siège de Namur, les Allemands ayant retenu les leçons de l'échec cuisant de la première vague d'assaut lancée deux semaines auparavant contre la position fortifiée de Liège (4) constituent une armée de siège et commencent, à partir du 21 août vers 10 heures, les premiers bombardement méthodique et intensif des forts et de la ville.
Les forts belges conçus à une autre époque ne pouvaient résister à la puissance de feu de l’artillerie lourde de siège allemande.
Le fort d’Emines tire ses premiers obus le 23 vers 8 heures et oppose une forte résistance aux attaques allemandes. L’après-midi (ou le matin à 10 heures selon certaines sources) marque le début du canonnage du fort dont l’intensité diminue durant la nuit. Le fort conserve sa fonctionnalité. A partir du 24 à 4 heures, deux puissants obusiers de 30,5 cm et un de 42 cm type M (Grosse Bertha – obus de 800 kg) mis en batterie hors de portée du fort pilonnent sans cesse la fortification.

Un obus explose devant la fenêtre de l’infirmerie blessant le personnel. Le massif central se fissure, 3 des 4 grosses tourelles sont hors d’usage ainsi que 2 des 3 petites. Plus de 2.000 obus de destruction et de neutralisation de divers calibres tombent sur le fort et ses abords. Les dégâts sont terrifiants. Vers 16 heures 30, le rapport de force étant totalement inégal, l’armement du fort étant inutilisable et l’air étant rendu irrespirable essentiellement suite aux fumées toxiques des explosions, la garnison détruit l’armement et ensuite se rend à l’ennemi pour ne pas périr inutilement asphyxié. Malgré la violence des bombardements, aucun blessé grave n’est à déplorer à l’exception d’un soldat écrasé par un éboulement.
La garnison est confinée dans le fort jusqu’au lendemain avant d’être emprisonnée à la citadelle de Namur en l’attente de sa déportation en Allemagne.
Et ensuite
e fort, investi par l’ennemi, subira entre 1915 et 1917 des travaux de réparation et d’amélioration de sa sécurité (5). En 1918, l’armement, les tourelles et les coupoles seront enlevés par l’ennemi.
Après-guerre, la démilitarisation et l’abandon de tous les forts furent envisagés malgré leur bonne tenue au feu. En 1928, après des études sur le comportement des forts de Verdun et leur rôle dans la défense de la place, il fut décidé de moderniser certains forts des ceintures de Liège et de Namur. Le fort d’Emines fut reconverti en dépôt de munitions pour les autres forts et un nouvel accès fut créé au saillant III. Le fort ne fut pas réarmé mais fera l’objet d’améliorations dont la construction de 2 bunkers pour 2 armes automatiques sur le massif central. Le premier, situé au saillant I, est relié aux locaux d’escarpe par un puits et son échelle; le second est implanté entre les saillants II et III.
Le fort ne joua aucun rôle particulier durant la seconde guerre mondiale.Après l’abandon militaire du fort, la commune de La Bruyère envisagea un temps son rachat pour en faire une décharge d’inertes. Un mouvement de protestation créé dans les années 80 permit la sauvegarde du fort. En 1997, Monsieur Albert Hublet acheta le fort et ses abords. Depuis quelques années, le propriétaire autorise de rares visites publiques (11 novembre). La Maison de la Mémoire Rurale de La Bruyère, en collaboration avec le Syndicat d’initiative, ne ménage pas ses efforts pour maintenir le fort en bon état et organiser les visites.

L’infrastructure générale du fort reste en bon état.

 

Mes remerciements vont tout particulièrement à Robert Drèze de la Maison de la Mémoire Rurale de La Bruyère qui m’a facilité l’accès au fort pour terminer le photoscope ainsi qu’à Jean Couvreur et Roger Dozot pour le prêt de leurs photos qui ont permis de compléter le photoscope.

Photoscope réalisé par Jean-Marie Brams (11-11-2008, 18-09-2009, 02 et 11-11-2010), © Jean Couvreur et © Roger Dozot (11-11-2008).

 

(1) Voir les articles sur la Feste Wagner de la place de Metz et la Feste Kaiser Wilhelm II de Mutzig (à venir).

(2) Configuration es grands et petits forts selon les éléments standardisés:
- Type de coffre de tête A1, A2 ou ½ A2;
- Type de galerie de communication B1 ou B2;
- Type de massif central C1 ou C2;
- Type de locaux de gorge D1, D2 ou D3.

(3) Dans la plupart des cas les forts n’ont pas été détruits et les garnisons se sont rendues car l’air était devenu irrespirable faute d’un système de ventilation forcée.
(4) Une seule division allemande devait investir Liège et ensuite Namur. Il en fallut huit pour réduire Liège au prix d’une importante perte en hommes. Alors que cinq armées allemandes d'invasion devaient traverser l’est et le sud de la Belgique en quelques jours, elles mirent plus de trois semaines à le faire et ne purent contourner l’armée française qui eut le temps d’organiser au mieux la défense de son pays. La ville de Liège a d’ailleurs reçu la Légion d’Honneur pour ce motif.
(5) Renforcement des voussoirs des coupoles. Renforcement de la voûte des galeries de circulation et de certains locaux par des tôles cintrées et du béton. Réduction de la taille de la poterne d’escarpe. Comblement du puits du pont escamotable
d’escarpe. Construction d’un bunker renforçant le débouché d’infanterie du massif central. Suppression de fenêtres d’escarpe. Remplacement des machines à vapeur par un moteur diesel. Mise en place de 3 observatoires (2 guérites cuirassées sur le massif central et 1 cloche au dessus de la gaine d’aération du fort). Modification des cheminées des pools du chauffage des locaux d’escarpe. Construction d’une ventilation forcée dont le conduit enterré sous le fossé de gorge permet la circulation entre le massif central et les locaux de contrescarpe et l’accès à une sortie de secours. Renforcement des créneaux de tir des coffres …


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