1450 Barde pour Cheval Paris MA

Elle apparaît comme réponse aux tirs dirigés sur les chevaux (archers, arbalétriers), en particulier dans le contexte de la guerre de Cent Ans et de l’essor des armes de trait.
En effet la barde a surtout pour rôle tactique de maintenir la capacité de choc de la cavalerie lourde en empêchant la mise hors de combat des chevaux par le tir ou les armes d’hast ennemies. Elle permet donc à une unité montée de mener sa charge au contact avec un maximum de montures encore valides, ce qui conditionne l’efficacité réelle du choc.?
Protection contre le tir
En contexte de charges frontales contre des lignes d’archers ou d’arbalétriers, la barde réduit la vulnérabilité du poitrail, des flancs et de l’encolure, zones privilégiées par les tireurs pour arrêter le cheval plutôt que le cavalier, dont l’armure est plus résistante.
En limitant les pertes de chevaux avant l’impact, elle augmente la densité de la ligne au moment du contact, ce qui renforce la pression physique et psychologique exercée sur l’infanterie.?
Assurer le choc au contact
La tactique de la cavalerie lourde médiévale et moderne repose sur la combinaison de masse, vitesse et cohésion de la formation, et la barde contribue directement à préserver ces trois facteurs jusqu’au dernier instant de la charge.

Si trop de chevaux tombent ou se cabrent avant le contact, la ligne se « troue », la vitesse se casse et le choc devient localisé et moins décisif, ce que la barde cherche précisément à éviter.
Lutte contre les armes d’hast
Dans les phases finales de la charge, la monture entre dans la portée des piques, lances et vouges dirigées vers le poitrail et l’encolure, et la barde fournit une barrière supplémentaire contre les coups destinés à l’abattre ou à la faire tourner.

Même lorsqu’elle ne bloque pas entièrement la pénétration, la protection peut dévier ou amortir un coup, laissant au cheval suffisamment d’intégrité pour franchir la ligne ou au moins maintenir le mouvement.
Effet psychologique et symbolique
Un front de chevaux bardés de métal ou de cuir renforcé présente un aspect plus menaçant et « invulnérable », ce qui accentue l’effet de terreur déjà recherché par le bruit, la poussière et la vitesse de la charge.

Pour les troupes adverses, l’impression que même les montures sont blindées diminue la confiance dans l’efficacité du tir ou des piques, favorisant les ruptures de formation ou les reculs prématurés au moment critique.
Limites tactiques
Le poids supplémentaire de la barde fatigue plus rapidement le cheval, réduit sa maniabilité et rend plus risquée toute charge prolongée ou menée sur terrain défavorable, ce qui oblige les commandants à réserver ce type de cavalerie aux actions décisives plutôt qu’au harcèlement.
Le coût d’acquisition et d’entretien de chevaux capables de porter cavalier lourd et barde en fait un outil tactique élitiste, cantonné aux unités de prestige, ce qui limite le nombre de charges massives pouvant être montées dans une armée donnée.
Matériaux vers 1450
Au milieu du XVe siècle, on trouve encore beaucoup de bardes en cuir bouilli, parfois renforcé de métal, car ce matériau est léger, relativement économique et rapide à mettre en œuvre tout en offrant une protection correcte.Les grands ateliers italiens (Milan, notamment) commencent toutefois à produire des bardes presque entièrement en plates de fer, techniquement possibles et plus résistantes, au moins pour les princes et grandes maisons.
Première barde métallique complète conservéeLa plus ancienne barde complète en métal conservée est datée des années 1450 et provient de Milan, réalisée pour l’arsenal des Habsbourg à Vienne par l’armurier Pier Innocenzo da Faerno.
Sa construction reprend celle des bardes italiennes en cuir bouilli contemporaines, mais transposée en fer, avec un système d’articulation et de suspension très élaboré, les éléments étant majoritairement fixés à la selle.
Principaux éléments d’une barde
Chanfrein pour la tête,
barde d’encolure articulée pour le cou,
plastron pour le poitrail,
flançois pour les flancs,
croupière ou barde de croupe pour l’arrière-train composent l’armure équine complète.