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Historique Voir ICI
L’hellénisme a transmis sous forme d’industrie artisanale – parfois de très haute qualité - les légendes grecques à toute l’Italie, où de nombreux centres de production, chacun avec son accent local distinct, se développent : le siciliote, plus proche de l’original, l’apulien, riche et exubérant, le picénien, plus rude, l’étrusque, plus âpre, etc... Dans ce langage artistique commun, coloré de divers dialectes, la première apparition de l’accent romain sur un objet d’art est la célèbre ciste Ficoroni, point fort du Musée National étrusque établi dans la Villa Giulia à Rome, ancienne résidence d’été du pape Jules III (16e siècle). Ce magnifique coffret cylindrique en cuivre, somptueusement ciselé, mesure 74 centimètres en hauteur et 38,5 centimètres de diamètre, et porte le nom de l’antiquaire et collectionneur Francesco de’Ficoroni (1664-1747) qui l’a découvert en 1738 dans la tombe d’une femme étrusque à Préneste (actuellement Palestrina), 35 km à l’est de Rome. Justement, au 4e et au 3e siècle av. J. –C., Préneste était le siège d’ateliers qui travaillaient le métal, produisant des miroirs et des cistes (boîtes à couvercle) gravés d’un décor – pour la plupart des adaptations étrusques de mythes grecs. Aussi les parois de la ciste Ficoroni déroulent-ils dans une frise d’une délicatesse exquise des scènes empruntées au mythe des Argonautes partis pour retrouver la Toison d’or. Malgré l’influence grecque, thématique (mythologie) et stylistique (double trait pour figurer les ombres), la ciste n’est nullement une copie mais porte un cachet italique propre, réaliste et puissant. Selon la légende, Amycos, roi des Bébryces en Bithynie, Asie Mineure, défiait tous les étrangers à la lutte et tuait les perdants. Lors de leur passage, les Argonautes sont indignés par ce comportement et Pollux enfonce le crâne d’Amyctos d’un coup derrière l’oreille. Sur la ciste Ficoroni cependant, le supplice d’Amyctos par Pollux est moins violent : le fils de Zeus se contente d’attacher le vaincu à un arbre, alors que son frère jumeau Castor, né d’un œuf différent, s’entraîne à la boxe et qu’au-dessus veille la Victoire ailée. Dans la nécropole de Préneste, on a retrouvé 118 «cistæ» destinées à contenir soit des effets personnels, soit les cendres du défunt. Du concert unanime des anciens, la tombe est une demeure où s’enferme le mort pour y recommencer une autre vie dans l’au-delà : on la dispose donc comme une maison qui servira d’habitation. On y enterre, avec le corps, des vêtements, un ameublement, des vivres, de la vaisselle à boire et à manger. À la femme, on laisse ses cosmétiques, ses objets de parure et de toilette. La ciste, faisait donc habituellement partie du rituel funéraire. La ciste Ficoroni, œuvre de grande classe, semble ce néanmoins avoir été conçue pour un autre usage, toujours fastueux, mais beaucoup plus joyeux. Le couvercle porte trois figures sculptées en haut-relief, Bacchus-Dionysos, dieu de la vigne, du vin et de ses excès, soutenu par deux satyres, aisément reconnaissables grâce à leurs oreilles et à leur goût prononcé pour le vin d'où l'objet porté par le satyre à droite de Dionysos – un rython. À la base du couvercle, une inscription à l’écriture soignée, en deux lignes, tête-bêche l’une par rapport à l’autre, est gravée le long d’une plaque. La première ligne, du côté avant du couvercle, sous les visages des trois personnages, dit : «Novios Plautios m’a fait à Rome». La ligne 2, de dos, suppose que le lecteur tourne la ciste pour la lire : «Dindia Macolnia m’offrit à sa fille». Aussi, l’inscription de la ciste Ficoroni a une double visée pragmatique : la ligne 1 est une marque de fabrication de l’objet, la deuxième est la commémoration du don lui-même. La composition de chaque ligne indique deux séquences assez brèves pour être scandées et fait penser aux vers saturniens attestés dans la poésie latine préclassique des 3e et 2e siècles av. J. -C. De ce fait, nous aurons affaire à un texte archaïque, l’unique composition poétique latine du 4e siècle av. J. –C. qui nous ait été conservée. L’inscription de la ciste Ficoroni serait alors une dédicace de cadeau : apparemment, un don de mariage, d’une mère à sa fille. L’ensemble de marques de raffinement caractérise la ciste comme un objet luxueux, destiné à être offert au cours d’une cérémonie soigneusement mise en scène ; la poésie, élément supplémentaire, était très appréciée dans les échanges de libéralités entre aristocrates. La ciste offre encore un autre intérêt exceptionnel. La dame qui offre l’objet à sa fille s’appelle Dindia Macolnia : Dindia est probablement son prénom, les femmes en portaient dans les temps anciens, mais par la suite, n’ayant pour elles aucune importance civile, elles cessèrent d’en recevoir. Macolnia représenterait le «nomen gentilicium» hérité de son père. On ne peut toutefois pas exclure la possibilité que Dindia soit le gentilice de l’offrante et Macolnia celui de son mari, auquel cas on aurait affaire à deux gentilices prénestins. Quant à Novios Plautios, affranchi ou ingénu, il porte un prénom osque (un possible émigré de la partie méridionale de la péninsule ?) et un nom latin. Il est difficile à savoir si le «fecid» de l’inscription désigne Novios Plautios comme le commanditaire («m’a fait (faire ?)», le fabricant ou le graveur de talent qui a conçu et effectué la décoration ciselée sur les flancs du coffret : beaucoup d’éléments caractéristiques de l’art prénestin aux 4e et 3e siècles av. J. –C. indiqueraient une production dans ce centre étrusque, mais encore Rome pouvait produire elle-même des cistes de type prénestin. De toute façon, au quatrième siècle, datation approximative de la ciste Ficoroni, Préneste était une «civitas foederata» de Rome. L’indication d’une origine romaine ne peut donc assurément pas dire que la ciste Ficoroni est un témoignage de l’art romain, mais plutôt un témoignage de l’art produit à Rome à cette époque, un art qui, tout en subissant l’influence grecque italiote et la prééminence de l’Étrurie, présente cependant une originalité propre au tempérament romain. Cette ciste fut achetée à Rome en 1861 et exposée au Musée Napoléon III (d'où nom), . C'est un coffre cylindrique en bronze d'un diamètre de 42 cm et Haut de 15 cmd |
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