Seine Maritime Rouen Église Saint-Laurent









Seine Maritime Rouen Église Saint-Laurent

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Ce fut tout d’abord un oratoire de faubourg. Son existence est attestée au Xe siècle, sous le règne du duc Richard II. Ce n’était qu’une petite chapelle sous le vocable de St-Antoine, utilisée par l’abbé de St-Wandrille lorsque l’Echiquier de Normandie siégeait à Rouen. Elle devint paroisse en 1204 et se retrouva englobée dans l’enceinte urbaine après l’agrandissement de celle-ci au XIIe siècle.
Elle fut détruite par un incendie en 1248, comme le quartier avoisinant.
L’église actuelle a été reconstruite au XVe siècle. Les comptes de la fabrique montrent que la nef devait être terminée en 1444 (on finissait la couverture à cette date), en 1460 on mettait des vitraux dans les fenêtres et les travaux étaient achevés en 1482.
La tour fut commencée en 1490 et terminée en 1501. La flèche de pierre eut maintes fois à subir les outrages des tempêtes (1520, 1638, 1683). Elle dut être rétablie en 1703.
En plus de ces tempêtes, l’église connut bien des vicissitudes. En 1562, les Huguenots la mirent à sac, emportant un aigle sculpté en bronze qui se trouvait dans le chœur. En 1702, le feu se déclara un soir après l’office. Une panique s’en suivit et la bousculade fit une dizaine de victimes.
 
Au nord, en haut du bas-côté, s’ouvraient deux chapelles. La chapelle de la famille Bigot (ou chapelle du saint Esprit) datait de 1645. Autrefois, un blason (illisible puisque gravement mutilé) était frappé des armoiries de la famille “d’argent au chevron de sable accompagné de trois roses de gueules”. Le petit sanctuaire contigu constituait la chapelle Damiens (ou chapelle St-Pierre). Il avait été bâti en 1628 pour un conseiller au Parlement, Damiens, et sa famille. Pierre Damiens fut le premier des administrateurs-résidents du Bureau des pauvres valides dès le milieu du XVIIème siècle. Il portait “d’azur à trois panaches d’or”. Le plan de l’église St-Laurent ne manque pas de qualités. Une nef assez vaste, de sept travées, est accompagnée de deux bas-côtés de même longueur. Les voûtes de pierre possèdent de splendides ogives aux profils prismatiques. Les clefs de voûtes sont ouvragées.
Les chapelles latérales présentent extérieurement leurs hautes toitures individuelles, ce qui donne un fort joli aspect à l’édifice. Les balustrades qui l’entouraient au premier niveau étaient décorées. Celle de la façade a conservé ses lettres gothiques qui forme la phrase tirée de Job: « Post tenebras spero lucem » (Après les ténèbres, j’espère la lumière)
En plus du portail principal, deux portes se faisaient face, au nord et au sud. Les chapelles qui font saillie vers le nord sont de style gothique bien que construites au XVIIe siècle.
Comme dans beaucoup d’églises rouennaises, il y avait à St-Laurent, à cheval sur le comble du chœur, un petit clocher de bois recouvert de plomb et d’ardoises où se trouvaient les petites cloches destinées à sonner les basses-messes. Des travaux y furent entrepris en 1536 et 1578
La tour du clocher est particulièrement importante par rapport à l’ampleur de l’édifice. Elle mesure 37 mètres de haut. Il s’agit d’une construction de la fin du moyen âge qui peut être comparée aux réalisations de la même époque : église St-Maclou, Tour de St-Ouen, tour de Beurre de la cathédrale. C’est encore un bon exemple du style flamboyant. Elle avait été implantée en avant de la façade occidentale, au bout du collatéral sud. Son érection avait amené la construction d’un avant-porche aujourd’hui très mutilé. La tour était surmontée d’une flèche de pierre finement ciselée comme celle de l’église St-André-de-la-Ville. Cette flèche avait 12 ou 13 mètres de haut.
Le chœur était séparé de la nef par un beau jubé commencé en 1511 et terminé en 1532. Il avait coûté 3.000 livres. Il était formé de trois arcades et avait été décoré de statues sculptées par Jehan Theroulde. Il avait été détruit en 1680.
Un retable en marbre avait été réalisé par Millet Desruisseaux à partir de 1713. Il a été déplacé au XIXe siècle dans l’église de la Nativité de la sainte Vierge de Belbeuf.
Le trésor de l'église contenait des tapisseries pour tendre dans l'église les jours de fête. Plusieurs racontaient la vie de saint Laurent.
La tour comportait une horloge remontant aux premières années du XVIe siècle. Après un bon siècle de silence, elle fut réparée et rétablie en 1633 par Martin de la Londe
es vitraux les plus anciens dont nous ayons traces étaient l'œuvre de Jean Chevaleir. Ils avaient des couleurs vives. Les archives de la paroisse nous indiquent que des vitraux avaient été posés en 1464, 1499 et 1520. D’autres vitraux furent offerts en 1678. Ils portaient les armes des donateurs, souvent des conseillers au Parlement, et des abbés de St-Wandrille.
En 1677, le curé, Martin Dauno, fit détruire les meneaux de pierre des fenêtres de la nef et du chœur. On mit à la place des vitres blanches sur lesquelles furent apposées les armes des donateurs anciens donateurs.
En 1683, un orage cassa beaucoup de vitres de l'église.
En 1716, les anciennes verrières du chœur avaient été vendues aux moines de St-Ouen.
Un vitrail dédié à saint Jean-Baptiste a été offert à la cathédrale par E. de la Quérière. Il l'avait acheté vers 1811. Des fragments en ont été remontés dans le bras sud du transept de la cathédrale.
La disposition particulière de l’église par rapport à la rue de l’Ecureuil qui passait devant avait imposé de terminer le collatéral nord par un pan coupé au niveau de la dernière travée.
L’orgue était considéré comme l’un des meilleurs de la ville. Il y en avait un dans l’église depuis au moins 1464. Un organiste était déjà payé 6 livres par an en 1460. Il fut réparé en 1524 par Ponthus Josselin. Il fut complètement refondu en 1613 par Crespin Carlier et modifié en 1781 et 1786.
Il a disparu après la Révolution. Il est possible qu'il ait été acheté par l'abbé Crevel pour l'église
Saint-Romain, mais cette idée est maintenant réfutée. Acheté par l'abbé Godefroy, il a été un temps proposé à la paroisse Saint-Pierre d'Yvetot, mais l'affaire n'a pu se faire. Il a disparu à ce moment.
La sonnerie comportait sept cloches, trois grosses, deux moyennes et deux petites. Elles furent refondues en 1555 par Jehan Buret et ramenées à six cloches : deux grosses, deux moyennes et deux petites.
En 1770, le clergé se composait de 14 personnes : 13 prêtres 1 sous-diacres 10 acolytes
Le culte fut supprimé dans l’église en 1791. En 1793 un club Révolutionnaire de Jacobins, la Société Populaire de Rouen, s’y réunit et y resta jusqu’à la fin de 1794. En 1802, lors du Concordat, elle ne fut pas rétablie comme église paroissiale. Une vive polémique opposa alors les paroissiens de St-Laurent à ceux de St-Godard. Ce furent les seconds qui obtinrent gain de cause. St-Laurent fut vendue l’année suivante à Etienne Mouttet, pour une somme de 18.000 livres.
Transformée en remise pour voitures de louage, elle servit essentiellement à abriter les fourgons et les diligences de Louis Brasseur, “directeur de voitures de louage et de fiacres” dont l’entreprise était installée dans l’église même. Elle finit par être louée à des repasseuses et l’on vit leurs chemises étendues sous les ogives. La partie supérieure de l’avant portail lui-même avait été transformé en appartements.
En 1893, la ville de Rouen, enfin, l’acheta et la fit classer Monument Historique. En 1911, le Musée d’Art Normand, créé pour le Millénaire de la Normandie, y prit place pour une dizaine d’années, puis, le Musée Le Secq des Tournelles s’y installa, inauguré le 23 mai 1921.
 
 
   


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