L’ensemble apparaît typiquement méridional. Maintenant qu’il vient d’être dégagé, nous pouvons apprécier l’élégance discrète du chevet. Cette construction de structure ogivale ne ressemble en rien aux édifices contemporains du nord de le France : aucun arc boutant, le mur épais est soutenu par des contreforts, les étroites fenêtres des chapelles sont encadrées de fines colonnes engagées aux chapiteaux ornés de crochets, feuillages et monstres.

 

 

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Le clocher du XVIème siècle est une énorme tour de 40 m de haut que la suspension en ferronnerie des cloches domine de dix mètres. L'ancienne entrée, sur la façade Ouest, a été murée lors de la construction des remparts au XVIème siècle.
 

La collégiale Saint-Paul-Serge, intérieur

Plusieurs fois remaniée, cette ancienne collégiale demeure le premier témoignage à Narbonne du nouveau style qui s’empare des églises françaises au XIIIème siècle : le gothique. Dès 1180-1200, la nef qui sera allongée de deux travées à la fin du XIVème siècle, subit d’importants travaux faisant de Saint-Paul l’une des plus anciennes églises gothiques du midi de la France.
 

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En 1224, c’est au tour du chœur d’adopter les nouvelles formules du gothique : une élévation à trois niveaux composée de grandes arcades, d’un double triforium éclairé (galerie ajourée ménageant des jeux de lumière) et de fenêtres hautes, un déambulatoire à voûtes, cinq chapelles absidiales. Le maître-autel en baldaquin du XVIIIème siècle a une chasse d'apparat qui contenait jusqu'à la révolution le corps présumé de Saint-Paul.

 
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La voûte d’ogives, qui culmine à 22 m, domine un déambulatoire haut desservant des chapelles rayonnantes à sept pans. La longueur totale est de 82 m. Les contreforts soutenant habituellement les voûtes d’ogives dans l’art gothique sont remplacés ici par le mur enserrant l’ensemble des chapelles du chevet. L’aspect ondulé si particulier de ce chevet à couverture unique est renforcé par de fines arcatures aveugles.

 

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De l’époque romane subsistent les trois premières travées de la nef. L ’orgue de chœur de la basilique, signé Baptiste Puget et datant probablement des années 1880, a été restauré en 2006 et inauguré lors du festival européen Musique et Orgue en Pays narbonnais.
Dans la nef, des piliers cruciformes à colonnes engagées, spécimens de l’art primitif d’Ile de France, uniques dans le midi, la curieuse galerie, témoins d’âges divers, qui court autour de l’église, le triforium réputé par ses baies à claire-voie ajourées sur l’extérieur (aujourd’hui aveugles) qui annonce les belles galeries gothiques.

 

 

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Au fond de l’église, la sculpture de Jésus au puits de la samaritaine (sur un sarcophage de l’époque romaine, IVème siècle)

 

 
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Dans la seule travée subsistant du cloître roman, une cuve archaïque de sarcophage, un tympan décoré d’un bas relief où huit abbés mitrés entourent deux évêques. On peut voir dans le plus grand de ces personnages, le saint évêque Paul. L’inspiration byzantine de ce bas-relief permet en effet de penser que la taille du personnage est le symbole de sa grande sainteté. Au fond de l’église, de part et d’autre des fonts baptismaux qui occupent l’ancien narthex de l’église, sont visibles des sarcophages paléochrétiens.

La grenouille du bénitier

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L'un des piliers supporte le fameux bénitier à grenouille, de forme jacquaire, dont la légende veut que fut pétrifié là un animal qui avait troublé l’office. Se rattache à cette sculpture le conte d’un jeune compagnon tailleur de pierre, contraint par son père de revenir à Narbonne parce qu’il avait oublié de l’admirer dans son tour de France. Il se vengea en cassant une des pattes de la grenouille.
Une autre légende raconte que saint Paul, venant de Rome, aborda à Bages. Il y fut mal reçu par les habitants qui, pour se moquer de lui, l’obligèrent à rouler un rocher et à monter sur ce rocher pour traverser l’étang. Il faisait un vent de tempête et d’énormes vagues menaçaient d’engloutir le rocher et le saint évêque. Mais saint Paul, plein de foi, monte sur le rocher qui se transforme en nacelle. C’est alors qu’une grenouille sauta dans l’embarcation et conduisit saint Paul sur le rivage de la Nautique. De là, il atteignit la ville de Narbonne. Le bénitier avec la grenouille providentielle rappellerait la miraculeuse nacelle qui amena saint Paul dans la ville qu’il allait évangéliser.