1951 Commandos du Nord Vietnam Commando Rusconi Fanion Frejus Musée TdM
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Origine des COMMANDOS NORD-VIETNAM

Le général de Lattre comprit la nécessité d'une force commando. Il percevait la nécessité de forces non conventionnelles et souhaitait améliorer l'équipement, l'armement et les conditions de vie des troupes vietnamiennes autochtones.
Fort de l'expérience de la résistance japonaise, ainsi que de celle des unités de Marine et de Dinassaut, il souhaitait que des unités légères, composées principalement d'auxiliaires, encadrés par quelques Européens, volontaires déterminés, spécialement entraînés au combat de nuit et de jungle, frappent le Viet Minh en utilisant leurs méthodes.
Il y voyait un moyen de regagner la confiance du peuple vietnamien, des « rizières ou des montagnes », et de l'inciter à revenir à la loyauté française.
Le 2 juillet 1951, huit commandos auxiliaires furent ainsi créés au Nord-Vietnam. par signature de la Décision n° 1546 / EMIFT / 1. » (EMIFT = État-Major Interarmées et des Forces Terrestres). et rapidemen,t dès le 10 juillet 1951, cet effectif fut porté à trente, puis à quarante-cinq le 19 novembre 1951. (Décision n° 802 / EMIFT / 3 / SC)
Le colonel Louis Fourcade fut nommé commandant de l'ensemble des COMMANDOS NORD-VIETNAM. Il était surnommé « le grand patron ». (Grand Chef) Auparavant, Fourcade avait dirigé en 1945 le Commando Conus, combattant en Cochinchine, au Cambodge, puis au Laos.
Cette unité était en liaison avec la 1re brigade de parachutistes SAS du colonel de la Bollardière. À son retour en Métropole en 1946, il commanda l'École de commandos du GITCM à Fréjus, en France.
Les commandos aéroportés du GCMA (Groupe Commando Mixte Aéroporté) étaient des membres de minorités ethniques vietnamiennes ou des partisans montagnards laotiens dirigés par des officiers parachutistes du SDECE, service de renseignement français.
Le colonel Roger Trinquier était le chef légendaire de cette organisation assez importante. Certains d'entre eux servirent de cadres au COMMANDO NORD-VIETNAM. Il s'agissait néanmoins de deux organisations distinctes.
Le COMMANDO NORD-VIETNAM opérait dans le delta du Tonkin, et peut-être un peu au-delà.
Le GCMA opérait dans toute l'Indochine.
Structure organisationnelle
Chacun Le « Commando » était une unité de la taille d'une compagnie, numérotée et nommée, par exemple, comme le Commando 24. Certains commandos étaient également désignés par le nom de leur commandant, comme le Commando « Rusconi ». Certains commandos portaient des surnoms, comme « Tigres Noirs ».
L'encadrement était généralement assuré par neuf soldats français, principalement issus des « Parachutistes Coloniaux ». Le commandant était un officier, un adjudant-chef ou un adjudant-chef. Quatre sous-officiers dirigeaient les sections, l'un d'eux agissant comme officier en second. Deux sous-officiers étaient radio et deux autres étaient infirmiers. Le reste était constitué de troupes indigènes, comptant jusqu'à 120 hommes par commando.
Ces troupes étaient des volontaires issus de compagnies d'auxiliaires existants, de milices villageoises ou de jeunes civils vietnamiens.
Les auxiliaires, ou Légères de Supplétifs Militaires (CLSM), étaient des compagnies à la base de nombreux commandos. Ces CLSM avaient généralement servi comme troupes de garnison sur la ligne de Lattre, mais avec une formation complémentaire. D'anciens PIM (Prisonniers et Internés militaires) étaient également arrêtés comme suspects lors d'opérations, préférant combattre plutôt que de traîner comme « coolies » dans les camps de travail. Certains chefs de commandos recrutaient d'anciens soldats du Viet Minh.
Il s'agissait souvent de guérilleros expérimentés, mais leur loyauté n'était pas toujours assurée.
Types de missions
Les unités commandos étaient organisées, équipées et entraînées pour trois types de missions : Choc, Marine et Guérilla.
Les « Commandos de Choc » étaient des réservistes effectuant des raids en profondeur pour détruire les bases ennemies et l'organisation territoriale du Viet Minh. Ils perturbaient la logistique et les renforts. Ils agissaient seuls ou en coopération avec des groupes mobiles lors d'opérations de grande envergure (ARTOIS, GERFAUT, etc.).
Le groupe des « Commandos de Débarquement » ou « Marines » était fréquemment appelé à travailler en liaison avec des formations de la Marine pour des missions de débarquement sur les côtes ou le long des rivières et arroyos du delta (OPÉRATIONS GRASSE, ROCHEFORT, etc.).
Enfin, le groupe des « Commandos de Zone » était orienté vers la recherche de renseignements et les actions de « guérilla et contre-guérilla », principalement dans leurs zones. Ils apportaient leur concours aux commandants de zone ou de secteur, en participant aux opérations de nettoyage ou de ratissage.
Uniformes et armes

Les uniformes de combat étaient souvent des uniformes français M47 ou « uniformes de pyjama noirs », avec des bottes en cuir de l'armée française, des bottes de jungle appelées « pataugas » ou des baskets civiles appelées « baskets »
Le béret noir (le béret rouge était toléré pour les parachutistes), le chapeau de brousse français et les casques Viet Minh (chapeaux de soleil) étaient souvent portés lors des opérations.
Les commandos étaient légèrement armés : Thompson, MAT 49, MAS 36, carabine M1 et FM24/29, avec parfois quelques mortiers de 50 ou 60 mm.
Les radios étaient au nombre de un SCR690, trois à quatre SCR300 et quatre à cinq SCR536 par compagnie de commandos.
Compte tenu de la diversité du recrutement, le colonel Fourcade prévoyait d'impliquer les commandos dans un stage de formation et de cohésion. L'École de Vat Chay fut créée à cet effet en 1951, sous le commandement du capitaine Michel Legrand. Les exigences opérationnelles ne permirent pas à tous d'y participer. Les nouvelles recrues furent formées par leurs officiers.
Commando 23

Le lieutenant Charles Alphonse Alphonse Rusconi, chef de commando exemplaire, magnifique soldat mort au combat à l'âge de trente trois ans, était officier de la légion d'honneur et titulaire de la croix de guerre des TOE avec palmes qui lui avait été remise par le général de Lattre de Tassigny. Il avait été quatre fois blessé et était titulaire de dix citations dont six à l'ordre de l'armée.
En 1936, dès l'âge de dix huit ans, il s'engage au 10e régiment de tirailleurs sénégalais. C'est un garçon trapu, solide, d'aspect viril. Trois ans plus tard, lorsque la deuxième guerre mondiale commence, il est sergent. Volontaire pour les corps francs, il devient le chef d'un commando chargé d'opérer sur l'arrière du dispositif allemand. C'est ainsi qu'en mai 1940, il sauve un officier blessé dans les lignes ennemies en le dégageant à la grenade et en le ramenant sur ses épaules.
Devant l'offensive allemande, l'armée française largement surclassée en moyens matériels et en armement, se voit contrainte de se replier, mais le sergent Rusconi n'est pas de ceux qui baissent les bras. Le 2 juin 1940, il investit un poste de commandement ennemi. Soixante dix soldats et officiers sont faits prisonniers ; un armement lourd ainsi que les archives divisionnaires sont récupérés. Après ce coup d'éclat, le sergent Rusconi poursuit sans relâche ses missions retardatrices jusqu'au 26 juin, jour où il est blessé par une rafale de mitrailleuse. Capturé par les troupes allemandes, il est soigné, mais deux mois plus tard, à peine rétabli, il s'évade.
C'est en février 1948 que le lieutenant Rusconi, à sa demande, rejoint l'Indochine. Il forme un commando composé de Sénégalais et de Vietnamiens, qui va opérer sur la rive gauche du Fleuve Rouge. Avec une efficacité égale à celle du commando des Tigres Noirs de l'adjudant Vandenberghe qui opère sur l'autre rive du fleuve, cette petite unité mixte, où règne un esprit d'émulation, va infliger au Viet-minh des pertes considérables par des coups de main et embuscades incessants. Grâce à ces exploits, la province retrouve une paix relative.
Ayant rempli avec succès cette mission, le commando Rusconi se voit chargé d'aller opérer sur les rives du fleuve Day (Nghia Lo), où il va reprendre ses incursions à l'intérieur des zones tenues par le Viet-minh. Il accomplit de nouveaux actes de bravoure aux résultats impressionnants en termes de prisonniers et d'armes récupérées. Mais dans la nuit du 6 au 7 février 1952, le commando est trahi: une centaine de combattants du Viet-minh pénètrent par surprise dans le poste endormi et c'est le carnage. La plupart des hommes sont abattus avant d'avoir pu se servir de leurs armes. Quelques survivants combattent jusqu'au bout de leurs forces à l'arme blanche. Le lieutenant Rusconi, pistolet au poing fait face, mais tombe sous les balles et meurt sans un cri.