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Grande Bretagne Blindés 1945 A 39 Tortoise
Article fait par :Claude Balmefrezol
Mis en ligne le 30/11/2025 à 16:54:27

L 'A 39 Tortoise
Pensé à partir de 1943 comme engin d’attaque de positions fortifiées (Westwall, bunkers, villes), sur le modèle des Sturmgeschütz et Jagdpanzer allemands, mais avec blindage et puissance de feu poussés à l’extrême
Rôle et philosophie
Il a été conçu avec une casemate fixe donc sans tourelle avec un , profil très haut et massif, ce qui en fait un véritable « bunker mobile » plus qu’un char de bataille Il était toutefois prévu qu’il puisse manœuvrer comme un char d’assaut mais avec comme mission de s’en prendre aux bunkers fortifiées comme le Westwall
Donc la priorité absolue a été apportée au blindage et au canon, la mobilité étant sacrifiée.
Plusieurs projets concurrents sont étudiés, puis le concept A39 Tortoise est retenu fin 1943–début 1944 comme engin à casemate fixe, lourdement blindé et armé d’un puissant canon de 94 mm.
Historique
Les stratèges britanniques vers 1942 vont anticiper sur l’évolution du conflit et vont établir un scénario sur une évolution des champs de bataille de la Seconde Guerre mondiale qui va être similaire à celle du premier conflit
Les lignes de Fortification vont empêcher le développement des offensives et il faut donc à l images des premiers engins blindés un char capable de percer n'importe quelle fortification ennemie et de résister aux tirs défensifs.
Un char lourd existait dans l’arsenal britannique c’est le Churchill
Mais un projet va voir le jour avec le A33 Excelsior qui est un char lourd d'assaut, version surblindée du Churchill , construite sur le châssis du Cromwell
Mais ce projet ne va pas aboutir
Il faut faire table rase et partir sur un projet tout à fait nouveau
La société Nuffield Mechanisation & Aero Ltd présente un projet entièrement nouveau,
Nuffield Mechanisation Ltd. a prevu 18 projets entre le 13/5/1943 25/10/43
Ces 18 projets avaient une combinaison d'armements divers comme plusieurs mitrailleuses, lance-flammes, mortiers en plus du canon principal
Pour les versions voir ICI
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Type
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Date
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Poids
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Armement
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AT1
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13/05/43
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45
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75mm/95mm 360 degrés de travers
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AT 2
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13/05/43
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35
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Tourelles MG jumellées sur le toit
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AT3
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13/05/43
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36
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Tourelles MG jumellées sur le toit
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AT4
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19/04/43
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38
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Tourelles 3 MG jumellées 1 mortier de 6 inches et lance flammes
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AT5
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19/04/43
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36
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Tourelles 3 MG jumellées 1 mortier de 6 inches et lance flammes
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AT6
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31/05/43
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41
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canon 6 pder chargement automatique Tourelles MG jumellées sur le toit Lance flamme
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AT7
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10/06/43
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41.5
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canon 6 pder chargement automatique Tourelles MG jumellées sur le toit Lance flamme
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AT8
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29/05/43
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45
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canon 6 pder chargement automatique Tourelles MG jumellées sur le toit Lance flamme
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AT9
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22/06/43
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45
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canon 6 pder chargement automatique Tourelles MG jumellées
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AT10
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22/06/43
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45
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canon 6 pder chargement automatique 2 MG coaxiales Tourelles MG jumellées sur le toit
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AT11
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AT12
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AT13
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21/08/43
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63
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17pounder canon de 20mm Tourelles MG jumellées sur le toit
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AT14
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18/09/43
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60
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17pounder 1mg en coque Tourelles MG jumellées sur le toit
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AT15
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21/09/43
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60
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17pounder 1mg en coque Tourelles MG jumellées sur le toit
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AT15A
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05/10/43
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65
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17pounder 1mg en coque Tourelles MG jumellées sur le toit
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AT16
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05/02/43
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72
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32 pounder 1mg en coque Tourelles MG jumellées sur le toit
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AT17
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25/03/43
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2 lance flammes avec 4 reservoirs de 135 gallons 1mg en coque et Tourelles MG jumellées sur le toit
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AT18
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2 lance flammes avec 4 reservoirs de 135 gallons 1mg en coque et Tourelles MG jumellées sur le toit
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En Février 1944 18 projets de conception différente ont été présentés et le projet le 'AT.16 est approuvé par le ministère de la Guerre. Une commande pour une préproduction de 25 véhicules, sans prototypes est signée avec comme objectif avoir Septembre 1945 comme date limite pour leur mise en service.
Ce véhicule allait être immortalisé sous le nom de Tortoise
Il faut savoir qu’un projet de 1942 portait le même surnom et si l'origine de ce nom reste inconnue la ressemblance avec l'animal est frappante.
Pour le projet de 1942,c’est un projet Australien
Après la Première Guerre mondiale, la plupart des chars adoptent une forme assez courante dite Rhomboïde à savoir une caisse blindée rigide, deux chenilles (une de chaque côté), un moteur intégré à la caisse et soit un canon fixe en casemate, soit une tourelle avec des canons secondaires intégrés à la caisse. Lorsqu'un véhicule s'écarte de cette configuration habituelle, il se distingue nettement, et rares sont les conceptions qui s'écartent autant de la norme que le char triangulaire multi chenillé imaginé par Lance Bloomfield, originaire de Nouvelle-Galles du Sud, en Australie, en 1942. Avec ce modèle, Bloomfield s'affranchit des conventions de conception des chars de toutes les manières possibles.
La date figurant sur le projet était le 1er juillet 1942, mais il n'a été soumis que le 13 juillet. Le dossier a été déposé au Bureau de l'Armée à Sydney, puis transmis à la Direction des Inventions de l'Armée le 18 juillet
La conception générale de l’engin était un char type rhomboïde t similaire à certains égards à la forme quasi-rhomboïdale des chars britanniques de la Première Guerre mondiale , à ceci près que l'avant était en forme de triangle pointu.
L’épaisseur du blindage pour le projet n’était pas précisé mais ce il était précisé que ce blindage devait être suffisamment épais pour dévier « toute l'artillerie de campagne utilisée avec visée ouverte
Pour la puissance de feu ce véhicule devait être équipé d’un canon capable de détruire tout ce qui se trouve sur le champ de bataille avec une arme similaire au canon naval de « 4 ou 6 pouces » .
À l'avant de la coque de cette unité principale se trouvaient deux ouvertures dans le blindage destinées à accueillir deux canons légers, suivies d'une rangée de trois autres ouvertures marquées pour des mitrailleuses. Cela impliquait que les canons légers étaient conçus comme une arme de calibre intermédiaire entre une mitrailleuse (la mitrailleuse standard de l'Empire britannique de l'époque étant de calibre .303) et un canon naval de 4 pouces, ce qui laissait une grande marge de manœuvre dans le choix de l'armement.
De plus à l'arrière de la coque, orientée v, se trouvera un canon léger au centre central, suivi de deux mitrailleuses plus bas. Cela représentait un total de 1 canon principal, 3s canons secondaires et 5 mitrailleuses. On ignore totalement si ces canons légers ou mitrailleuses devaient être actionnés directement ou par un dispositif de tir à distance, ni même si le mode de fonctionnement était envisagé, mais la valeur au combat d'armes fixes de ce type est très limitée, surtout lorsqu'elles sont placées à l'arrière. En revanche, le canon principal monté sur tourelle aurait été une véritable machine de guerre. Le canon monobloc QF Mk. XIX de 4 pouces de l'époque pesait largement plus d'une tonne et pouvait tirer un obus explosif de 15,9 kg à près de 400 m/s jusqu'à près de 9 km. Le BL Mk. de 6 pouces le XXIII était encore plus grand, pesant près de 7 tonnes, et était capable de tirer un obus explosif de 50 kg à 841 m/s sur une distance supérieure à 23 km.
Le projet sera rejeté sans surprise le 25/07/1942
Ce rejet était peut-être dû au concept même d'un véhicule à trois coques, qui aurait impliqué un travail de conception et d'essais trop important pour être mené à bien en temps de guerre. De plus la conception comportait également de graves défauts
Clap de fin pour cette tortue revenons à notre tortue made in England
Cette Tortoise incarne à la perfection l’animal . Lent et pataud, il n'en est pas moins bien blindé. Avec ses 78 tonnes, il fut l'un des chars britanniques les plus lourds jamais construits. Seul le TOG II de 80 tonnes le surpasse. Ce poids était
principalement dû à son blindage frontal pouvant atteindre 230 mm et à son puissant canon à haute vélocité de 94 mm.
Ce canon automoteur, cependant, souffrait d'une mobilité tactique très limitée.
Il est a rapprocher davantage à un Jagdtiger ou d’un ISU‑152 que d’un Tiger II avec sa casemate fixe, profil massif et sa technique d’ emploi prévu pour une percée méthodique mais lente des lignes fortifiées
Ces engins dans les pays qui, les ont conçus seront des impasses
Car ces véhicules s’ils sont : techniquement impressionnants, utiles pour la recherche en matière d’artillerie et de blindage sont trop lourds, lents et coûteux Les français avec le FCM 2 C conçu en 1918 pour percer les fortifications de la ligne Hindenburg ne purent les utiliser en 1940 contre la blitzkrieg de Wehrmacht
Mais l’Allemagne ne semble pas avoir bien analyser le concept du Chard super lourd avec des véhicules comme le Maus (188 t), l’E 100 inachevé et, le e Jagdtiger (plus de 70 t) : conçus pour dominer tout combat terrestre grâce à leur blindage et leur puissance de feu et je ne parle pas du Panzer 1000 et 1500
Ils devaient défendre des secteurs clés ou à percer les positions fortifiées.
Les Alliés occidentaux eux de leur coté étaient focalisés sur la puissance des panzer allemands et vont concevoir des véhicules « d’assaut » ou « anti-Tigre » tels que le A39 Tortoise, T28/T95, famille T29 qui sont lourdement armés et blindés, mais généralement plus légers que le Maus/E 100, conçus pour attaquer des fortifications ou contrer les chars lourds allemands plutôt que comme des cuirassés terrestres mobiles
Toutefois le déploiement opérationnel ne viendra que du côté allemand avec les Tiger II et Jagdtiger produits toutefois en petite série quelques centaines pour le Tiger II, quelques dizaines pour le Jagdtiger . Ils furent engagés au combat, mais souffrirent de problèmes chroniques de fiabilité et de logistique.
Les véritables chars super-lourds (Maus et E 100) ne dépassèrent jamais le stade de deux châssis d'essai (Maus) et d'un châssis incomplet (E 100) et aucun ne participa aux combats
Du coté alliés occidentaux car les Soviétiques ne vont pas étudier ce genre de projet on trouvera le Char britannique A39 Tortoise construit à : 6 exemplaires soumis aux essais mais après 1945. Et ;les• Chars américains T28/T95 construits à: 2 exemplaires soumis s, uniquement pour des essais ; Les chars lourds T29/T30/T34 construits à une douzaine de prototypes au total, sans engagement au combat.
En pratique, les Alliés vont privilégier la production en masse de chars moyens/lourds fiables (Sherman, T 34, puis Pershing/IS 2) dotés de canons améliorés, plutôt que le déploiement massif de chars super-lourds.
Revenons au Tortoise
Le Tortoise fut initialement définie comme char d'assaut lourd par le Secretary of State for War et le Minister of Supply dans un Joint Memorandum datant d’'avril 1943. Son objectif était de détruire et percer les zones fortifiées comme la ligne Siegfried Donc de par sa configuration il fallait privilégier largement le blindage à la mobilité.
A titre anecdotique le projet était porté par M. Duncan Sandys, qui était secrétaire d'État à la Guerre et également gendre du Premier ministre Churchill, qui soutenait le projet.
Aussi comme on pouvait s'y attendre vu son rôle prévu le Tortoise, était extrêmement bien blindé. Cette protection primordiale était accordée à la superstructure de la casemate. Celle-ci, constituée d'une seule pièce massive, représentait la majeure partie du poids du A.39.
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La casemate était protégée par un blindage frontal fortement incliné de 228 mm, diminuant à 178 mm sur les côtés et à l'arrière, et à 33 mm sur le dessus et le dessous. Le train de roulement était protégé par d'épais jupes latérales.
Le Tortoise surclasse alors pratiquement tout ce qui existe alors en protection frontale et en puissance antichar et /anti‑ouvrage, mais son gabarit, son poids et sa vitesse en font un engin très spécialisé, dépendant d’une logistique lourde (transport par remorque 80 t, contraintes sur les ponts) et peu adapté à une guerre de mouvement.
de fait, son concept est déjà obsolète au moment où les prototypes sortent : En effet l’après‑guerre va privilégier des chars de combat principaux plus équilibrés et des moyens antichars et anti fortification moins lourds qui seront utilisés par l’(artillerie, aviation sans compter les missiles.
Description
Cette Tortoise était extrêmement bien blindé. Cette protection primordiale était accordée à la superstructure de la casemate. Celle-ci, constituée d'une seule pièce massive, représentait la majeure partie du poids du A.39.
La casemate était protégée par un blindage frontal fortement incliné de 228 mm, diminuant à 178 mm sur les côtés et à l'arrière, et à 33 mm sur le dessus et le dessous. Le train de roulement était protégé par d'épais jupes latérales
L’ A39 Tortoise se compare assez bien aux autres « monstres » de la fin de guerre si on le prend comme canon d’assaut lourd plutôt que comme char de bataille.
Sa masse était de 79–80 tonnes soit un gabarit comparable au Jagdtiger, légèrement plus lourd que l’IS‑2.
Le blindage était de 225–230 mm de face (casemate arrondie + plaques inclinées), alors que sur les cotés son épaisseur était de l’ordre de 100–150 mm avec jupes additionnelles
Armement
Le char Tortoise était armé d'un canon extrêmement puissant, certainement plus puissant que n'importe quelle arme embarquée sur un véhicule britannique en service pendant la Seconde Guerre mondiale. Il s'agissait du canon Ordnance Quick-Firing 32 Pounder, destiné à remplacer l'Ordnance QF 17 Pounder.
À l'instar du redoutable canon allemand de 8,8 cm, ce canon de 94 mm (3,7 pouces) était dérivé d'un canon antiaérien. Il utilisait en deux parties la charge et l’ obus
Ce canon s'est avéré parfaitement capable de détruire aussi bien les structures en béton que les chars grâce à ses obus APCBC (APCBC (Armor-Piercing Capped Ballistic-Capped ) de 14,5 kg, tirés à 880 m/s
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Le char emportait 60 obus : 12 dans le râtelier de chargement et le reste stocké à divers endroits sous le plancher du compartiment de l'équipage.
Sur certains prototypes, un petit orifice de chargement avait été ajouté sur le flanc gauche de la casemate.
Le canon de 32 livres était fixé sur un large affût à rotule au centre du blindage frontal du char. Il était protégé par un imposant collier blindé riveté.
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Ceci permettait un arc de tir extrêmement large de 40 degrés à gauche et à droite, et une élévation/dépression de +20/-10 degrés.
La visée s'effectuait à travers un périscope situé sur sa droite, lui-même protégé par le même collier riveté. En dessous se trouvait le verrou de transport, ou gun-crutch comme l'appelaient les Britanniques.
Des essais menés contre un Panther à 1 000 m démontrèrent sa capacité à perforer aisément son blindage frontal. De fait, il fut constaté que le canon de 32 livres pouvait neutraliser la quasi-totalité des véhicules blindés lourds allemands de la fin de la guerre.
Le développement de ce canon s'acheva cependant avec la fin du conflit, et le canon de 17 livres fut finalement remplacé par le canon de 32 livres.
L'armement secondaire se composait de trois mitrailleuses compactes BESA de 7,92 mm (0,31 pouce). Deux d'entre elles étaient installées dans une coupole rotative à l'arrière droit de la superstructure. Un autre canon était monté sur une rotule dans le coin supérieur gauche du blindage frontal.
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Le A.39 avait également équipé de lance-fumigènes DREB pour défense rapprochée des engins blindés au nombre de trois rangées de six. Deux étaient situés de chaque côté du blindage frontal et le troisième était fixé sur le côté gauche de la tourelle de mitrailleuse. Le char était également doté du lance-fumigènes standard de 2 pouces.
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Son équipage était composé de 7 hommes (chef de char, pilote, copilote/mitrailleur, tireur, 2 pourvoyeurs, radio‑mitrailleur)
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Le chef de char était positionné à l'arrière gauche du compartiment de combat et avait à sa disposition un tourelleau rotatif équipé de plusieurs périscopes
. Devant lui se trouvait également un indicateur d'azimut, une innovation pour l'époque. Directement relié à un dispositif similaire situé au poste du tireur, cet indicateur permettait au chef de char d'orienter le tireur vers une cible repérée.
Juste devant lui se trouvait le mitrailleur avant, qui opérait la mitrailleuse BESA de 7,92 mm. Le tireur était au centre du véhicule, avec les deux chargeurs juste derrière lui. Le pilote se trouvait à l'avant droit du char. Derrière lui se trouvait la petite tourelle de mitrailleuse sur le toit du véhicule, mais on ignore qui y était affecté.
Motorisation
L’engin était mu par un moteur: Rolls‑Royce Meteor V12 essence de600 ch env. avec rapport puissance/poids médiocre, donnant une vitesse max d’environ 12–20 km/h Ses Ce moteur était dérivé du moteur Rolls-Royce Merlin
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équipant le célèbre chasseur Spitfire.et du moteur du Cromwell
Mais intallé dans cet engin le moteur n'offrai qu'un rapport poids/puissance de 7 ch/tonne. De ce fait, sa vitesse maximale était limitée à 19 km/h sur terrain plat, et encore plus faible sur terrain accidenté. Ce moteur à essence était extrêmement gourmand et son réservoir de 530 litres se vidait très rapidement. Le Tortoise disposait ainsi d'une autonomie très limitée d'environ 140 km.
Les barbotins et la transmission étaient situés à l'avant du véhicule. La transmission comprenait quatre bogies de chaque côté de la caisse. Chacun d'eux supportait deux galets de roulement doubles en caoutchouc, montés sur barres de torsion. Les chenilles mesuraient 88,4 cm de large..
Ce type de Suspension à barres de torsion, bogies multiples protégé par des jupes épaisses était conçues pour résister aux mines et protéger la course des chenilles.
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En conclusion
Le Tortoise surclasse pratiquement tout ce qui existe alors en protection frontale et en puissance antichar /anti‑ouvrage, mais son gabarit, son poids et sa vitesse en font un engin très spécialisé, dépendant d’une logistique lourde (transport par remorque 80 t, contraintes sur les ponts) et peu adapté à une guerre de mouvement.
Les premiers exemplaires sortent en 1944–45, trop tard pour être engagés avant la fin de la guerre en Europe.
Seuls 6 Tortoise A39 complets sont assemblés et après ‑guerre, les Tortoise servent uniquement à des essais de tir et de mobilité (notamment en Allemagne et au Royaume‑Uni) pour évaluer le canon de 32‑pdr et le concept de char d’assaut lourd.
Un prototype est envoyé en Allemagne à l’été 1945 pour des essais sous l’autorité de la British Army of the Rhine (Armée britannique du Rhin), qui conduit des tests de mobilité et de tir sur des terrains et cibles réels.
D’autres essais sont menés au Royaume‑Uni par des centres d’expérimentation de l’artillerie et des blindés (généralement rattachés à l’Army Operational Research / School of Tank Technology / centres d’essais des Royal Armoured Corps), mais sans que le Tortoise soit intégré de façon permanente à un régiment particulier.
L’évolution doctrinale vers le char de combat principal, plus mobile et polyvalent, entraîne l’abandon du programme à la fin des années 1940.
L ’A39 Tortoise reste un matériel d’essai évalué par la British Army of the Rhine et par les écoles/centres d’expérimentation des blindés britanniques, mais n’est jamais mis en dotation officielle dans une unité de combat désignée (aucun régiment ou brigade n’a eu le Tortoise comme char organique)
Il est repond comme les super chars Americans T28/T95 GMC et à un degré moindre, les T29/T30/T34) à la même logique de « bunker buster » lourd, mais avec des choix techniques différents.
Pour résumer le rôle et philosophie générale
L’ A39 Tortoise: c’est un canon d’assaut super‑lourd pour réduire la ligne Siegfried, protection maximale et canon de 94 mm, mobilité jugée secondaire.
Les T28/T95: véhicule d’assaut américain destiné à attaquer des fortifications (Siegfried puis Japon), sans tourelle, blindage extrême frontal, canon de 105 mm à très haute vitesse.
Le T28/T95 pousse plus loin l’épaisseur frontale brute (plus de 300 mm), au prix d’un véhicule encore plus lent et plus difficile à transporter.
Le 105 mm américain du T28/T95 est dimensionné pour percer des ouvrages en béton armé très épais; son obus est plus lourd et sa vitesse initiale très élevée
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Les T29/T30/T34: chars lourds à tourelle, pensés plus comme chars de bataille « classiques » très puissants que comme canons d’assaut lents; on les rapproche davantage d’un Tiger II amélioré que d’un Tortoise.
Les T29/T30/T34 combinent un gros canon avec une tourelle, orientés vers le duel de chars plus que la réduction de bunkers à petite vitesse.
Tous restent à l’état de prototypes: aucun de ces super‑lourds n’est engagé au combat. L’évolution doctrinale d’après‑guerre vers le char de combat principal polyvalent et l’essor de l’aviation/munitions guidées rendent ces « monstres » obsolètes avant d’avoir servi.En résumé, l’A39 Tortoise et le T28/T95 sont très proches conceptuellement (canons d’assaut super‑lourds), mais l’Américain est encore plus blindé et plus lent, avec un canon de 105 mm; les T29/T30/T34, eux, représentent plutôt la tentative américaine de créer un Tiger II « allié » à tourelle, là où les Britanniques n’iront pas au‑delà du projet Tortoise
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Les problèmes de deploiement
Les problèmes sont important et limitaient l'usage des super‑lour
Les chars super‑lourds (ou très lourds) étaient autant un casse‑tête logistique qu’un atout tactique.
Plusieurs facteurs limitaient fortement leur emploi, que ce soit côté allemand (Tiger II, Jagdtiger, Maus…) ou chez les Alliés (A39 Tortoise, T28/T95, T29/T30/T34).
Masse, ponts et routes
Leur poids dépassait souvent la capacité des ponts ordinaires: il fallait des détours, des renforcements ou des ponts de campagne spécifiques, ce qui ralentissait toute manœuvre et rendait les axes prévisibles.
La pression au sol et la largeur des chenilles abîmaient routes et chemins; certains axes devenaient impraticables par temps humide (bourrage de boue, effondrement des bas‑côtés).
Transport stratégique
Le gabarit excédait fréquemment la largeur/hauteur standard ferroviaire: il fallait démontage de jupes, bogies, voire de tourelle, ou des wagons spéciaux rares; les mouvements stratégiques devenaient lents et très visibles.
Le transport routier sur remorques lourdes exigeait des tracteurs puissants, beaucoup de carburant et une préparation d’itinéraire méticuleuse; impossible d’en déplacer beaucoup rapidement.
Consommation et maintenance
Moteurs surdimensionnés travaillant en limite de couple, transmissions et barres de torsion très sollicitées: pannes fréquentes, usure rapide, besoin d’équipes de maintenance nombreuses et formées.
Consommation de carburant énorme: chaque marche imposait des convois de ravitaillement dédiés, vulnérables et coûteux; en fin de guerre, l’Allemagne n’avait tout simplement plus le carburant nécessaire pour exploiter pleinement ses lourds.
Dépannage et récupération
Un seul char immobilisé nécessitait plusieurs dépanneurs lourds ou un dispositif de treuillage complexe; s’il fallait abandonner l’engin, la perte en matériel et en équipage spécialisé était considérable.
En terrain encaissé, forestier ou urbain, certains super‑lourds ne pouvaient même pas être remorqués faute de place ou de points d’ancrage sûrs.
Flexibilité tactique limitée
Vitesse faible et accélération médiocre: difficile de réagir aux ruptures de front, d’exploiter une percée ou de se replier avant une contre‑attaque ou une frappe aérienne.
Rayon d’action réduit et difficulté à franchir obstacles et terrains mous concentraient ces engins sur quelques secteurs; une fois repérés, ils devenaient des cibles privilégiées pour l’artillerie et l’aviation.
Au total, ces contraintes logistiques expliquent que les super‑lourds n’aient jamais dépassé le stade de prototypes (Alliés) ou de faibles séries (Allemands) et qu’ils aient été marginalisés au profit de chars plus équilibrés et beaucoup plus faciles à ravitailler, réparer et déplacer.