Historique Voir ICI
History Click HERE
Cette armure correspond à un harnois européen de la seconde moitié du XVIe siècle, très probablement un harnois de joute ou de « champ » pour cavalier noble.?
Cette armure est un harnois de plates européen
Caractéristiques visibles
On voit un casque fermé (type armet ou close?helmet) à vue étroite et fort renfort frontal, typique des armures de joute tardives où la protection du visage prime sur le champ de vision.?
La cuirasse est très bombée, avec gros bavière intégrée et tassettes articulées profondes, ce qui protège fortement buste, hanches et haut des cuisses lors d’un impact de lance.?
Fonction et datation
L’absence de décor gravé élaboré mais la présence d’un panache de plumes et d’un faux pourpoint rembourré suggèrent une armure fonctionnelle de haut rang, utilisée autant pour des tournois que pour des apparitions de prestige.?
La coupe générale, les spallières arrondies et les canons d’avant?bras assez développés renvoient à une datation autour de 1560?1580, moment où la joute subsiste encore mais où les formes commencent à se simplifier par rapport au style « maximilien » plus ancie
Cette armure illustre bien la phase « classique » de l’armure de plates du milieu du XVI? siècle, encore très orientée vers la joute mais déjà utilisable en campagne.?
L’armure de plates
Ce type d'armure du XVIe siècle passe d’un système encore « médiéval » à un équipement adapté aux armes à feu et à la guerre de masses. On peut schématiquement suivre quatre grandes étapes au cours du siècle.
Vers 1500 : héritage gothique et maximilien
Au tout début du XVI? siècle, les formes tardives « gothiques » dominent encore : cuirasses pointues, spallières très développées, nombreuses arêtes vives.
Autour de 1510?1530 apparaît le style dit « maximilien » : surfaces cannelées et nervurées, jupes de lames souples, casques fermés améliorés, offrant une meilleure rigidité sans trop augmenter le poids.
1520?1550 : armure complète de chevalier
Au milieu du siècle, l’idéal reste la « harnois blanc » complet couvrant tout le corps, avec casques spécialisés pour la joute (armet, grand bassinet modifié, heaumes de lice) et variantes plus légères pour la guerre.
La silhouette se simplifie : cuirasse plus arrondie, tassettes plus longues, lignes moins découpées, ce qui améliore la déviation des coups d’armes d’hast et des premières armes à feu portatives.
1550?1580 : adaptation aux armes à feu
Avec la généralisation de l’arquebuse et surtout du mousquet, la priorité devient la résistance aux projectiles à courte distance, d’où les cuirasses épaissies, parfois « épreuves de balle » (marque d’impact volontaire laissée par le fabricant).
Dans le même temps, la cavalerie légère et les reîtres abandonnent peu à peu la lance ; la protection se concentre sur buste, bras et cuisses, tandis que les éléments très encombrants (gros protège?cou, jupes complètes, solerets articulés) disparaissent souvent.
1580?1600 : harnois de trois?quarts et armure de service
En fin de siècle se répand le harnois de « trois-quarts » ou de cavalerie : cuirasse avec tassettes longues, jambières parfois complètes, mais protections de pieds simplifiées, souvent remplacées par de solides bottes.
L’armure devient surtout l’apanage des nobles, des cuirassiers et de certaines troupes d’élite, combinant décor gravé ou doré avec une coupe plus pratique pour le combat au pistolet et à l’épée plutôt que la joute formelle.
Typologie et datation
La silhouette est très typée 1560?1580?: cuirasse fortement bombée, taille marquée, grande bavière continue avec le gorgerin et tassettes profondes couvrant largement le haut des cuisses.
Les spallières arrondies, les brassards articulés et les gantelets à longs canons protégés témoignent d’une recherche de couverture maximale contre la lance et l’armes d’hast, plus que contre le feu des arquebuses.
Casque et usage prévu
Le casque est un close?helmet dérivé de l’armet, avec visière en museau relativement pointue et fente de vue étroite, typique des casques de joute tardifs où l’on sacrifie la vision latérale pour une meilleure résistance frontale.
Le panache en plumes et le faux pourpoint de velours indiquent une armure de présentation de haut rang, pour tournois, carrousels et défilés, même si, en configuration allégée (sans certains renforts), ce type de harnois pouvait suivre son propriétaire en campagne.
Éléments fonctionnels remarquables
Les grandes tassettes articulées, rivetées en lames chevauchantes, sont conçues pour dévier une lance glissant depuis la cuirasse vers la cuisse, tout en autorisant une bonne flexion de la hanche en selle.
Les gantelets montrent un bon compromis entre mobilité de la main (doigts articulés ou demi?mitaines) et protection du poignet, indispensable pour l’usage de la lance, de l’épée et surtout de l’armes d’hast lors des mêlées.
Place dans l’évolution du XVI? siècle
Par rapport au style « maximilien » du début du siècle, très cannelé et encore très gothique, cette armure présente des surfaces plus lisses et arrondies, optimisées pour la déviation des coups et la production en séries d’ateliers princiers.
Par rapport aux harnois de trois?quarts de la fin du siècle (plus adaptés à la guerre au pistolet et à l’épée), elle reste plus encombrante mais offre une couverture supérieure, marquant bien la transition entre chevalier de tournoi et cavalier de guerre moderne.