Eure Les Andelys Chateau Gaillard









Eure Les Andelys  Chateau Gaillard
English Translation
Merci à Patrick pour les photographies

 


Historique Voir ICI
History Click HERE

 

Reconstitution du batiment ICI

 
 


Une situation stratégique. Château Gaillard est implanté dans la commune des Andelys (département de l’Eure), sur un site dominant la Seine de 90 mètres, sans être au sommet de la petite colline qui le domine, mais bien situé à une courbe du fleuve, face à une île. C’est la position choisie par Richard Cœur de Lion, roi d’Angleterre, héritier de la couronne en 1189 et Duc de Normandie pour défendre la Vallée de la Seine contre sonvoisin, le Roi Philippe Auguste, qui veut s’en emparer.
 
 
 

Les rois d’Angleterre et de France sont en lutte depuis 1060. Richard Cœur de Lion et Philippe Auguste se connaissent pourtant. Ils se sont rendus ensemble à la Troisième Croisade pendant l’hiver 1190-1191

Le roi de France rentre seul avant la fin des opérations et entreprend de conquérir la Normandie en l’absence de Richard Ier, comme on le nomme en Angleterre. Après un conflit, qui se termine par la défaite du roi français lors de la bataille de Fréteval près de Vendôme, les deux combattants signent le traité de Gaillon en 1196 par lequel le roi anglais cède au roi français les places fortes de Vernon et de Gaillon plus à l’Ouest. Mention est expressément faite dans le texte que le site des Andelys – on parle du manoir d’Andeli – qui est propriété des évêques de Rouen, ne peut être fortifié. Preuve s’il en est que l’idée était dans l’air du temps. Un château symbolique pour montrer la puissance de Richard. C’est pourtant bien cet endroit que choisit Richard pour y édifier un système complexe fortifié de défense sur la colline pour le haut et, pour le bas, un barrage de la Seine, l’estacade, pour couper l’accès à Rouen en terre de France. En 1197,

il négocie avec l’archevêque Gautier de Coutances et échange plusieurs de ses possessions normandes contre Les Andelys. Le site lui paraît stratégiquement également intéressant à un autre titre, c’est la pierre déjà présente sur place, facile à extraire, à creuser en galeries souterraines et à monter en muraille. C’est là qu’il édifie le Château de la Roche, nommé aussi ‘de la Roque’. Sa construction décidée en 1196, débutée en 1197, est achevée en 1198. Le siècle se termine par la mort de son constructeur, Richard, l’année suivante au siège de Châlus, au nord-est du Duché d’Aquitaine, l’autre duché également possession anglaise en guerre avec le Royaume de France.

 

Fontevraud Abbaye Gisant de Richard Coeur de Lion

Un système complexe qui épouse le modelé du site. Il est conçu selon un schéma reposant à la fois sur les principes de « la défense passive » grâce à un mur épais pour dissuader l’ennemi d’attaquer et sur « la défense en profondeur » qui consiste à multiplier  les obstacles à l’avancée de l’ennemi pour atteindre la grosse tour ronde, le cœur de la citadelle. La nouveauté de Château-Gaillard est que les deux entités emboitées normalement l’une dans l’autre sont ici séparées, avec d’une part la partie proprement défensive située plus près de la Seine et le donjon en arrière dans une seconde partie plus en hauteur. A cette double implantation territoriale se surajoute une double fonction défensive et résidentielle. Les éléments défensifs étaient pour la plus part visibles pour assurer la dissuasion et les éléments de vie étaient soient pas, peu visibles ou souterrains. Cette dimension en dessous a beaucoup d’importance. C’est du sous-sol qu’ont été extraites les
pierres qui ont été taillées sur place pour gagner la course du temps lors de la construction au point, comme les fondations au profil bombé le montrent, que les joints de mortier n’ont pas eu le temps de sécher et de durcir. Ils se sont écrasés sous le poids des pierres.  Les galeries d’extraction creusées à des fins militaires ont pu alors servir de lieux de stockage pour la nourriture et les autres denrées nécessaires à la vie des assiégés en  période normale mais aussi pour résister à des sièges longs. C’était de la stratégie élaborée. Ces innovations et le souci d’assemblage des différentes parties de Château-Gaillard ont contribué à renforcer l’image d’une forteresse invincible.
 La rapidité de la construction
  a contribué également au mythe de Château-Gaillard. Son appellation en témoigne. C’est un vrai château fort, la preuve, il s’appelle comme ça. Un autre élément enfin a rajouté au prestige de cet ensemble défensif au fil du temps, comme dans un raisonnement a contrario, c’est la volonté des deux souverains de conquérir ce milieu de colline faisant face à la Seine. S’ils se battaient autant, c’est Château Gaillard le valait bien ! Un château érigé en un peu plus d’an par Richard et qui tombe en un an au bénéfice de Philippe. La mort du roi Richard Ier, auquel succède son frère Jean, réveille les appétits de reconquête du roi français qui s’empare en 1202 du poste avancé de Boutavant protégeant la forteresse de Château-Gaillard par la Seine. Il entreprend son
blocus l’année suivante en 1203 et attaque le château qui se rend le 6 mars 1204, après un siège d’un an. Au cours de ce blocus, Philippe-Auguste avait fait creuser un double fossé protégé par 14 beffrois. Cette fois-ci c’est l’assaillant français qui renforce les défenses de Château-Gaillard, pour faire le siège des combattants anglais et des 1200 habitants du lieu- dit « La Couture » près de la Seine qui s’y étaient réfugiés.
Conçu pour sa capacité à supporter des sièges, il apparaît en effet comme un refuge aux yeux des habitants proches de ce qu’on appelle maintenant le Petit Andelys sur les bords de Seine. Mais les vivres stockés pour durer un an ne peuvent suffire aux soldats, s’il faut les partager avec autant de réfugiés civils. Ceux-ci sont alors chassés de la première enceinte protégée en plein hiver ; ils errent prisonniers de la seconde enceinte et meurent de faim et de froid. C’est la première fois dans l’histoire de Château Gaillard qu’il est fait mention de civils habitant le hameau voisin. L’histoire transmise par les textes n’aurait probablement été qu’un fait parmi d’autres à porter au coût humain de la lutte, si Francis  Tattegrain, un peintre du XIXe siècle, n’avait retracé sur un tableau à l’huile en 1894 une grande restitution de la terrible agonie et du dépeçage d’une jeune femme du groupe pour assouvir la faim de ceux qui l’ont attaqué.
Cette scène de cannibalisme peint en style XIXe
siècle est accrochée actuellement au mur de la salle des mariages de la mairie d’Andelys. La poursuite de la lutte entre l’Angleterre et la France pendant la guerre de 100 ans. Le château, désormais revenu en 1204 au sein du Royaume de France, a perdu sa légitimité anglaise.
Il commence une nouvelle vie faite d’oubli loin du pouvoir et d’un
manque certain d’entretien. A la fin du XIVe siècle, des travaux de consolidation sont pourtant menés. Au début du XVe siècle, une quarantaine de soldats y vivent. En réalité cette forteresse réputée inexpugnable est ensuite reprise tour à tour par les Anglais et les Français. Elle revient pendant 10 ans dans le giron anglais à deux reprises, en 1419, au bout de seize mois de siège, avant que les Français la reprennent et la  reperdent à nouveau en 1430 pendant 20 ans cette fois-là. Cette fois-là, cinq semaines de siège sont nécessaires (seulement) à Charles VII de France pour reprendre la citadelle.C’est la dernière séquence anglo-française. Il est probable que la connaissance de l’intérieur du château par les uns et les autres, occupant tour à tour la position d’assiégeant et d’assiégé, a hâté son inutilité ; l’insistance anglaise s’est effritée et celle des Français du coup aussi. Il n’y a plus d’enjeu militaire. Un déclin rapide et continu du château. Comme le rappelle l’archéologue Dominique Pitte, sa situation pose en effet question. Il est placé à environ 200 mètres de la Seine, en lui tournant le dos. Il est peu adapté pour résister à l’artillerie à feu. Peu d’ouvertures spécifiques y ont été faites pour les armes à feu. Les fouilles de 1997 menées par la DRAC de Haute Normandie ont en effet révélé l’existence d’une chambre à feu qui facilitait le tir en optimisant le risque de la riposte. Sa position à mi colline le rend vulnérable aux bombardements venus d’en haut et sa conception même est remise en cause. Le roi Charles IX ne montre aucun empressement à verser des fonds pour ce  château sans utilité stratégique. Le désintérêt du pouvoir est perçu sur place comme une incitation à s’en servir pour des usages non prévus. Pendant les guerres de religion, le château est occupé en 1589 par les Ligueurs contre les forces royales. Deux ans de siège sont nécessaires à Henri IV pour le récupérer. Cette fois-ci, la guerre ne se fait plus entre
Anglais et Français mais entre protestants et catholiques français. C’est la fin de la forteresse militaire. Restent les pierres par lesquelles l’histoire a commencé. La période du dépècement pierre par pierre de la forteresse. Autant de pierres tombées à terre et sans utilité particulière ne sauraient laisser indifférents. Le démantèlement a commencé, comme cela l’a été aussi de façon quasiment naturelle à Château-Gaillon proche. La demande faite au roi par les Etats de Normandie en 1595 de procéder à sa démolition pour des raisons de sécurité publique ne fait qu’accélérer le processus naturel. La crainte était que la forteresse n’attire des hommes d’armes cherchant un refuge en attente de mauvais coups à faire.

 

 

Quatre ans après en 1599, satisfaction leur est accordée par décision de Henri IV qui s’oppose toutefois à l’arasement du donjon et au comblement des profonds fossés. On ne touche pas aux symboles. Aujourd’hui encore, ce sont les parties les mieux conservées. Charles de Bourbon, archevêque de Rouen, propriétaire du Château de Gaillon, est autorisé à prélever des pierres pour son château de Gaillon. D’autres responsables religieux, tels que les Capucins de Grand-Andely et les Pénitents du Petit-Andely, obtiennent à leur tour le sésame du roi, qui doit ensuite intervenir à plusieurs reprises pour calmer les nombreux et violents conflits entre ces communautés religieuses, pour savoir qui prenait quoi avant que l’autre le prenne. Après quelques années d’enlèvement, c’est alors le roi Louis XIII qui enjoint au Parlement de faire araser aux frais de ce dernier ce qui reste debout pour empêcher le Duc de Vendôme de s’en emparer à son profit. Par un retournement de l’histoire dont Château Gaillard est coutumier, c’est le roi cette fois-ci qui demande aux parlementaires de Rouen de payer pour ce qu’il a accordé sans contrepartie 21 ans avant. Les édiles de Rouen refusèrent de payer pour un château qui était hors la ville. Les XVIe et XVIIe siècles virent se poursuivre la poursuite de la création d’un « chaos des ruines » selon la belle formule de Dominique Pitte au 164e congrès des Andelys. La protection par l’Etat. Après sa démolition partielle, le château qui appartenait à la famille d’Orléans, revient dans le giron de l’Etat en 1852, puis pour moitié à la commune des Andelys en 1858. Quatre ans après en 1862, par  une accélération de l’histoire, après tant d’inertie déliquescente, les ruines de Château Gaillard sont inscrites dans la liste de 1862 des Monuments historiques. Les premières fouilles ont lieu la même année. De nombreux travaux de consolidation sont alors menés pour éviter une poursuite trop forte des atteintes irréversibles du temps. La principale campagne dure 10 ans (1906-1916). Elle se poursuivit en effet pendant les deux premières années de la guerre franco-allemande de 1914-1918. Les abords sont classés au titre du site par décret du 18 août 1936, quatre ans avant une nouvelle guerre entre la France et l’Allemagne, mais où Anglais et Français firent à nouveau cause commune contre l’Allemagne. Encore une succession de temps rapides et de temps lents. Le site appartient actuellement à deux propriétaires, l’Etat reste en charge du donjon et de la chemise (son enceinte) et la Ville des Andelys du reste de l’ensemble, à savoir l’ouvrage avancé, comme s’il fallait à Château-Gaillard toujours deux parrains pour veiller sur lui. Une telle dualité ou binôme selon les époques est fascinant. Le succès touristique du site. Il est dû pour partie au panorama exceptionnel sur une des boucles de la Seine, avec une agréable promenade au bas de la forteresse, partie surtout à l’histoire qui a opposé deux hommes au fort caractère dans une véritable lutte de donjon et de preux chevaliers, avec en arrière-plan, deux grandes dynasties que sont les Plantagenets et les Capétiens, toutes deux fondées à agir au nom de leur légitimité du sol. Richard Ier, appelé Richard Coeur de Lion, a certes été Roi d’Angleterre. Il fut aussi le vassal du roi de France auquel il devait allégeance. Il fut en effet Duc de Normandie, Duc d’Aquitaine, Comte de Poitier, Comte du Maine et Comte d’Anjou. Quant à Philippe  Auguste, il a été le roi qui a tout à la fois véritablement fondé le royaume de France en rattachant toute la partie ouest de la France au domaine royal initial et conforté le pouvoir royal. Un choc de titans qui a marqué de son empreinte la France contemporaine.

 

Contexte

 

L’objectif du roi de France Philippe Auguste est de prendre le contrôle de la Normandie.

 

La forteresse de Château-Gaillard est la clé de la campagne, mais il choisit dans un premier temps de ne pas l’attaquer directement. Il s’empare tout d’abord d’un certain nombre de petits ouvrages dans les environs (c’est le cas du fort du Muret à Cléry, de celui de l’île La Tour, Boutavant, à hauteur de Tosny ou du château de l’Île), ce qui lui permet d’isoler Château-Gaillard et de s’assurer que des forces anglaises ne viendront pas attaquer l’armée française par l’arrière. Ayant fait tout son possible pour éviter que le château reçoive du secours, Philippe Auguste met le siège devant la forteresse. Il sait que le siège sera long car Château-Gaillard est une puissante forteresse. Les défenseurs ne manqueront pas d’effectuer des sorties pour contre-attaquer, même s’il peut leur suffire de rester retranchés derrière les murailles et de contrer les tentatives françaises. Les Anglo-Normands ayant pris la précaution de détruire le pont permettant de traverser la rivière, l’armée française s’attelle tout d’abord à combler le fossé puis perce la palissade qui défendait le pont. Cette première manœuvre permit aux Français d’approcher directement du château proprement dit. Un pont flottant défendu par d’ingénieuses tours montées sur des bateaux est ensuite construit afin de permettre à l’armée française de se déplacer facilement et de se replier si nécessaire. Ayant maîtrisé l’accès au château et ses communications, Philippe commence à en réduire les défenses.

Tentatives de secours

 

Prévenus, les Anglais envoient deux troupes armées pour secourir le château. La première doit, à la faveur de l’obscurité, remonter le fleuve à la rame jusqu’au pont de bateaux et le détruire afin de couper les forces françaises en deux. Pendant ce temps, une force terrestre commandée par Guillaume le Maréchal doit attaquer et détruire la partie de l’armée française qui se trouvait dos au fleuve et donc dans l’impossibilité de se replier une fois le pont détruit, mais cette tentative échoua. L’attaque terrestre anglaise remporte un succès notable mais les Français sont en mesure de se replier sur le pont flottant car la troupe chargée de le détruire n’arrive pas à temps. En plus des troupes et de leurs équipages, les bateaux anglais sont en effet chargés avec des fournitures pour la garnison, ce qui fait qu’ils arrivent beaucoup plus tard que prévu, d’autant qu’ils doivent ramer à contre-courant. Les Français peuvent se regrouper et contre-attaquer, contraignant les forces anglaises terrestres à se replier. Lorsque les bateaux anglais atteignent le pont, les Français, prêts à les accueillir, leur causent des pertes considérables. La tentative anglaise échoue complètement. Jean sans Terre abandonne alors sa tentative de lever le siège. Un chroniqueur contemporain, déclare qu’il était déjà parti à une vingtaine de kilomètres de là avant que le reste de son armée ne se rende compte qu’il avait disparu.

Préparations

Pour resserrer l’étau autour de la forteresse, on utilisa l’arme redoutable mise au point à Constantinople, le feu grégeois, un mélange de pétrole, de poix et d’autres ingrédients. Ayant attaché à son corps un certain nombre de boîtes en argile contenant ce mélange, un Français nommé Galbert parvient à nager jusqu’à l’île derrière le château et à placer ses charges. Le brasier qui en résulte permet aux Français de prendre l’île d’assaut et d’isoler totalement le château.

Le siège allant probablement être long, Philippe ordonne de construire des habitations rudimentaires pour installer ses troupes. Il ordonne ensuite de creuser des tranchées pour défendre le camp et qu’un « chemin couvert » soit mis en place pour permettre aux hommes d’approcher le château sans danger, puis il fait installer des engins de siège sur le sommet préalablement nivelé de collines environnantes qui dominaient la forteresse. On commence alors à envoyer de lourds rocs sur les Anglo-Normands. Du côté anglo-normand, Roger de Lacy s’inquiète des réserves de nourriture qui pourraient ne pas suffire jusqu’à l’arrivée d’une nouvelle armée de secours. Il fait donc expulser de la forteresse tous les non-combattants, pour l’essentiel les 1 200 habitants de La Couture (Petit Andely) qui s’y étaient réfugiés et sont à présent d’inutiles bouches à nourrir. Au début, les Français les laissent traverser leurs lignes, puis leur refusent le passage. Plusieurs centaines de personnes se retrouvent ainsi prises au piège entre les assiégeants et le château, sous le feu des engins de siège et des archers au dessus de leur tête. Les malheureux commençant à souffrir de faim, Philippe finit par céder et leur fait livrer de la nourriture. Les Français les laissent traverser leurs lignes et se disperser dans la campagne.

 

 

Le roi Jean d’Angleterre fait ensuite une nouvelle tentative pour briser le siège, cette fois-ci en offrant de céder la Bretagne aux Français, mais Philippe refuse, décidé à terminer le travail et à chasser les Anglais. Découragé, le roi Jean prend un bateau pour l’Angleterre et ne reviendra plus par la suite. Tout au long de l’hiver 1203-1204, les défenseurs font avec ce qu’ils ont tandis que l’armée française reçoit des provisions et des fournitures pour le siège. Les Français construisent des beffrois, des structures mobiles pour protéger les hommes ainsi que des béliers et autres équipements pour attaquer les murs et les portes. En février, ils sont prêts à lancer l’assaut.

La prise de la forteresse

La basse-cour tombe

Les Français s’attaquent d’abord à l’ouvrage avancé. Attaquée par les engins de jet et les mines, ou sapes, creusées à sa base, la grosse tour qui le domine s’effondre. Les défenseurs se replient alors dans le château proprement dit. Afin d’atteindre la basse-cour, les Français doivent créer une brèche dans les murs ou parvenir à ouvrir une porte. Cette dernière option étant peu probable (les Français ne disposant pas de complices à l’intérieur), c’est la première option qui fut choisie. L’attaque de Philippe est lancée depuis différentes directions. Alors que des engins de siège commencent à démolir les murs, d’autres engins accompagnés d’archers infligent des pertes aux Anglais postés sur les murs eux-mêmes. En contrebas, les mineurs français commencent leur travail de sape.

 

 

 

 

L’assaut de Philippe sur la basse-cour inclut également l’utilisation de la technique la plus élémentaire pour assiéger un château : l’escalade. Les fantassins français courent jusqu’aux murs avec leurs échelles, et commencent à monter. Malheureusement pour eux, leurs échelles se révèlent trop courtes. Chaque homme sur son échelle se retrouve attaqué par les Anglais postés par les murs, tout étant incapable de bouger à cause du soldat posté derrière lui. Certains assaillants parviennent néanmoins à créer des points d’ancrage dans la pierre pour grimper. Certains d’entre eux parviennent à atteindre le sommet. Mais la pénétration décisive se fait, en tout cas d’après le récit de Guillaume le Breton, non pas par les latrines comme le veut une légende tenace, mais par l’une des fenêtres basses de la chapelle. Des combats acharnés au corps à corps avec les défenseurs s’ensuivent. Alors que de plus en plus de Français atteignent la haute-cour, il devient évident pour les Anglais que celle-ci ne pourra être défendue très longtemps. Ceux qui parmi les défenseurs arrivent à se réfugier dans la haute-cour se préparent pour un nouvel assaut.

La haute-cour tombe

Le coût en temps et en pertes humaines pour conquérir la basse-cour avait été élevé, mais Philippe y était préparé et il décide d’attaquer rapidement la dernière position, la haute-cour entourant le donjon. Le tout est protégé par une enceinte entourée par un fossé que traverse un pont dormant construit en pierres et non un pont-levis.

Cette erreur de conception permet aux mineurs français de s’approcher de la porte en passant sous ce pont et profitant ainsi de la protection qu’il leur offrait. Ils commencent leur travail de sape. C’est un engin de jet qui donne le coup de grâce qui permet d’enfoncer la porte. Les Français ayant pris la haute-cour, les Anglais survivants, 36 chevaliers et 117 sergents ou arbalétriers, se rendent le 6 mars 1204. Lambert Cadoc, chef mercenaire de Philippe Auguste, fut l’un des grands artisans de cette victoire. Le roi de France lui confia la garde du château

 

Conséquences

Après avoir capturé Château-Gaillard, Philippe poursuit la campagne au cœur du territoire anglais. Du côté anglais, le coup est rude. Le prestige des Plantagenêt est entamé et le moral des troupes anglaises est au plus bas. Ils perdent une forteresse stratégique, et les tentatives pour la secourir se sont soldées par un échec total. Par la suite, l’armée française s’empare de Rouen et atteint bientôt la côte. La campagne permet également à Philippe de s’emparer de plusieurs principautés, dont l’Anjou et la Touraine. Les possessions des Plantagenêt en France rétrécissent significativement. Le commandant de Château-Gaillard, Roger de Lacy, retourne en Angleterre où il commence la construction de son propre château à Pontefract. Le roi d’Angleterre, Jean, déjà impopulaire, voit son prestige gravement entamé. Un roi incapable de garder le contrôle de ses propres châteaux ou de venir en aide à certains de ses sujets en état de siège est considéré comme un souverain faible. Il est probable que l’humiliation de Château-Gaillard ait joué un rôle important dans la décision des barons anglais de se révolter contre lui lors de la Première Guerre des Barons, laquelle déboucha sur l’un des événements les plus importants de l’histoire de l’Angleterre : la signature de la Magna Carta.

 

   


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