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Tribunaux Internationaux (5° partie) Tokyo

Article écrit par : Philippe Angoy

Mis en ligne le 02/08/2008 à 21:12:02



Le Tribunal militaire international pour l’Extrême-Orient


Nous survolerons plus rapidement ce deuxième Tribunal militaire dans la mesure où l’on retrouve énormément de similitudes avec celui de Nuremberg. Néanmoins, le Tribunal de Tokyo présente des aspects intéressants.

Section 1 : Présentation du Tribunal de Tokyo

Le 3 mai 1946, c’est-à-dire six mois environ après l’ouverture des procès de Nuremberg, s’ouvre le procès des 28 criminels de guerre japonais.

§ 1 : Généralités

Les fondements de ce tribunal remontent au 1er décembre 1943 : les Alliés chinois, britannique et américain font une déclaration commune, lors de la conférence du Caire, par laquelle ils expliquent que l’objectif de la guerre est de mettre un terme et de punir l’agression japonaise. Lors de la déclaration de Postdam en juillet 1945, les trois mêmes Alliés font savoir qu’une justice doit sanctionner tous les criminels de guerre et notamment ceux ayant commis des cruautés sur les prisonniers. Le 2 septembre 1945, l’acte de reddition des Japonais comporte des stipulations relatives à l’arrestation et au traitement imposés aux criminels de guerre. Dans le même temps, par une recommandation, la Commission des crimes des Nations Unies établit un tribunal militaire international pour les crimes et atrocités japonais. Sur ces bases, le département d’Etat américain adopte un instrument en vue de l’arrestation et de la sanction des criminels de guerre en Extrême-Orient par lequel il notifie au Commandement suprême des forces alliées et à huit nations (Australie, Canada, Chine, France, Grande-Bretagne, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas et Union soviétique) de mettre sur pied le tribunal militaire
Les procès débutent en mai 1946 et s’achèvent en novembre 1948.

La conférence de Moscou des ministres des Affaires étrangères des quatre grands Alliés (Chine, Etats-Unis, Grande-Bretagne et Union soviétique) s’accorde sur la localisation du siège : le tribunal militaire international pour l’Extrême-Orient siègera à Tokyo. Les procès se tiennent symboliquement dans l’auditorium du bâtiment ayant abrité le ministère de la Guerre japonais. On ne peut que constater une fois de plus ce souci de symbolisme.

§ 2 : Les accusés

Les procès ne seront menés à leurs termes que pour 28 des 80 criminels de guerre de classe A détenus par les Alliés. Sur les 28 criminels de guerre poursuivis et juges, deux meurent de causes naturelles pendant le procès : Yosuke Matsuoka en 1946 et Osami Nagano en 1947. Un troisième, Shumei Okawa est hospitalisé pour un problème mental sérieux dès le début du procès et libéré en 1948. Les 25 autres sont tous condamnés, le tribunal ne prononcera aucun acquittement. Comme à Nuremberg, les condamnés à mort sont exécutés par pendaison. Il convient maintenant de se livrer à une brève présentation des criminels de guerre jugés par le Tribunal militaire international d’Extrême-Orient.


 

Yosuke Matsuoka (décédé en 1946) devient diplomate à partir de 1904. Il est un ardent partisan de l’expansionnisme japonais et le héros du rapprochement du Japon avec l’Allemagne nazie. Il a également été président de la société des chemins de fer du sud de la Mandchourie. Le maréchal Osami Nagano (décédé en 1947) devient ministre de la Marine (1936) et chef du commandement naval général lors de l’attaque de Pearl Harbour (1941-1944)
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Le général Sadao Araki (1877-1966) tient, de 1931 à 1940, plusieurs postes ministériels de haut niveau comme ceux de la Guerre ou de l’Éducation, par ailleurs partisan de l’expansion militaire japonaise. Il est condamné à la prison à vie pour planification d’une guerre d’agression et libéré sur parole en 1955. Le général Seishiro Itagaki (1885-1948), ayant eu la charge de hautes responsabilités militaires et ministérielles comme ministre de la Guerre en 1936 et 1945, connu pour la terreur qu’il fait régner sur les prisonniers et les civils pendant le temps de son commandement en chine, est condamné à mort pour guerre d’agression, crimes de guerre et pour avoir ordonné des traitements inhumains sur les prisonniers de guerre. Le général Heitaro Kimura (1888-1948), chef d’Etat-major dans l’armée de Kwatung, vice-ministre de la Guerre et commandant en chef en Birmanie, ayant pris une part active dans les guerres d’agression menées par son pays tant en Chine que dans le Pacifique, connu pour sa brutalité envers les prisonniers de guerre, est condamné à mort pour guerre d’agression, crimes de guerre et atrocités ordonnées ou non empêchées sur des prisonniers. Mamoru Shigemitsu (1887-1957), ambassadeur du Japon en Chine entre 1931 et 1932, puis vice-ministre des Affaires étrangères jusqu’en 1936, avant de devenir ambassadeur à nouveau en Union soviétique et en Grande-Bretagne, retrouve les affaires étrangères en 1943 comme ministre, jusqu’à la fin de la guerre. Il est, avec le général Umezu Yoshijiro, signataire de l’acte de reddition en 1945. Il est condamné à sept ans d’emprisonnent pour guerre d’agression et pour n’avoir pas empêché les atrocités de l’armée japonaise. Libéré sur parole en 1950, il retrouve le chemin de la vie politique et reçoit même le portefeuille des affaires étrangères en 1954.
Le général Kenji Doihara (1883-1948) tient de hautes responsabilités militaires entre 1938 et 1945. Particulièrement brutal avec les prisonniers de guerre dans les camps des îles du Pacifique comme Sumatra, Java ou Bornéo, mais aussi impliqué gravement dans le trafic de stupéfiants en Mandchourie, il est condamné à mort pour planification de guerre d’une guerre d’agression, contre la Chine, les Etats-Unis, le Commonwealth britannique, les Pays-Bas, l’Union soviétique et la France, et pour avoir facilité et autorisé des mauvais traitements sur les prisonniers de guerre. Le baron Kiichiro Hiranuma (1867-1952) est le fondateur et responsable du parti patriotique Kokuhonsha dès 1926. Ayant assumé la charge de ministre de l’Intérieur (1940), il est condamné pour guerre d’agression à la prison à vie Le baron Koki Hirota (1878-1948), un temps ambassadeur du Japon en Union soviétique mais aussi ministre des Affaires étrangères avant d’être brièvement premier ministre, est un des acteurs du Sud-Ouest asiatique, des îles du Pacifique et de la Chine. Il est reconnu coupable, en qualité de responsable et d’instigateur, de guerre d’agression planifiée, et d’avoir délibérément omis de prendre les mesures nécessaires pour éviter des atrocités. Il est le seul civil condamné à mort. Okinori Kaya (1889-1977) a été président de la Société de développement du nord de la Chine – position mise à profit pour spolier l’industrie et pour piller les ressources chinoises – et aussi ministre des finances (1937-1938 et 1941-1944), période pendant laquelle se construit la voie de chemin de fer entre le Siam et la Birmanie grâce au travail des prisonniers de guerre utilisés comme esclaves. Condamné à la prison perpétuelle pour guerre d’agression, il est libéré sur parole en 1955 Le général Kuniaki Koiso (1880-1950) a servi sur les différents théâtres d’opérations militaires du Pacifique entre 1932 et 1944, notamment en Corée où il est connu sous l’appellation de « Tigre de Corée » en raison de sa brutalité. Un temps Premier ministre, il est averti du sort réservé aux prisonniers de guerre. Condamné à l’emprisonnement perpétuel pour guerre d’agression et pour les atrocités commises sur les prisonniers, il meurt en 1950 L’amiral Shigetaro Shimada (1883-1976) assume d’abord des postes de commandement dans la marine, notamment dans la flotte engagée en Chine, avant d’être ministre de la Marine (1941-1944) et membre du Conseil de guerre (1944). Il autorise les attaques surprises de décembre 1941 contre Pearl Harbor. Il se fait remarquer par les massacres de prisonniers de guerre alliés, le déplacement de civils dans des bateaux de fortune et sa cruauté à l’égard des rescapés des bateaux de guerre alliés coulés. Il est condamné à la prison à vie pour guerre d’agression et crimes de guerre et libéré sur parole en 1955.
Le colonel Kingoro Hashimoto (1890-1957), en charge d’un commandement important comme celui de l’artillerie pendant le massacre de Nankin, mais également propagandiste de thèses racistes et ayant mobilisé l’opinion publique japonaise pendant la guerre du Pacifique, est condamné à la prison à vie pour planification d’une guerre d’agression. Il est libéré sur parole en 1954. Le maréchal Shunroku Hata (1879-1962) est l’un des militaires qui programment l’invasion de la Chine dans les années 1930. Ayant par ailleurs la responsabilité d’un commandement suprême lors des atrocités commises par les troupes japonaises, il est condamné à la prison à vie pour crime de guerre, guerre d’agression. Il est libéré sur parole en 1954. Naoki Hoshino (1892-1978), responsable des affaires financières en Mandchourie (1932-1934) mais aussi secrétaire en chef du cabinet du Premier ministre (1940-1941), est un ardent militariste et le rédacteur des déclarations de guerre contre la Grande-Bretagne et les Etats-Unis. Condamné pour guerre d’agression à la prison à vie, il est libéré sur parole en 1955. Le marquis Koichi Kido (1889-1977) a rempli auprès de l’empereur un rôle de conseiller aux plus forts moments de la guerre avec la Chine et les Alliés. Il a également rempli plusieurs fonctions ministérielles entre 1930 et 1945. Son agenda contient des informations accablantes et utiles à l’accusation lors des différents procès. Il est condamné à la prison à vie pour guerre d’agression et libéré sur parole en 1955. Le général Iwane Matsui (1878-1948), représentant personnel de l’empereur à Genève à la conférence sur le désarmement, commandant en chef de l’armée japonaise lors des massacres et viols de Nankin en 1937, est condamné à mort pour avoir laissé se perpétrer les atrocités commises dans cette ville. Il s’est pourtant retiré en 1938 et n’a plus jamais joué de rôle actif au-delà de cette date. Iwane Matsui fait partie des 14 criminels de guerre considérés encore aujourd’hui comme des « martyrs » de la cause japonaise. À ce titre, il est révéré au temple shinto de Yasukuni Shrine. Toshio Shiratori (1887-1949) est directeur du bureau de l’information au ministère des Affaires étrangères entre 1929 et 1933 ; il est également ambassadeur du japon en Italie entre 1938 et 1940 et fervent partisan de l’expansionnisme militaire japonais : il soutient l’alliance avec l’Allemagne, l’Italie et l’Union soviétique en vue de la domination du monde par ces grandes puissances. Condamné à la prison à vie pour guerre d’agression et crime de guerre, il meurt en 1949.
Le général Jiro Minami (1874-1955) a assumé des responsabilités militaires de haut niveau ; il est même ministre de la Guerre en 1931. Il est un des tous premiers chefs du Japon militariste. Il impose une férule très dure à la Corée lorsqu’il en est le gouverner général (1936-1942). Condamné à la prison perpétuelle pour guerre d’agression, il est libéré sur parole en 1954. Le général Akira Muto (1892-1948), ayant eu en charge des responsabilités militaires diverses dans le corps expéditionnaire en Chine, à Sumatra ou aux Philippines entre 1937 et 1945, est condamné à mort pour guerre d’agression à l’encontre de la Chine, des Etats-Unis, du Commonwealth britannique, etc., mais aussi pour les atrocités commises tant à Nankin qu’à Manille, ou pour mauvais traitements à prisonniers de guerre. L’amiral Takasumi Oka (1890-1973), chef du bureau des affaires navales, mais aussi vice-premier ministre de la Marine, est considéré comme un des principaux responsables de l’attaque navale perpétrée contre les Etats-Unis en décembre 1941 à Pearl Harbor. Condamné à la prison à vie pour guerre d’agression, il est libéré sur parole en 1954 Le général Hiroshi Oshima (1886-1975) est considéré comme ayant été un proche d’Hitler, de Göring, d’Himmler et de Ribbentrop. Ce militaire proche des autorités allemandes auprès desquelles il est d’abord attaché (1934-1938) puis ambassadeur (1938-1939 et 1940-1945) est un des artisans du pacte signé entre les puissances de l’Axe (Japon, Allemagne et Italie). Il est condamné à la prison à vie pour crime de guerre et guerre d’agression. Il est libéré sur parole en 1955 Le général Kenryo Sato (1895-1975) assume diverses responsabilités au bureau des affaires militaires et dans le corps expéditionnaire en Chine et en Indochine entre 1942 et 1944. Il est condamné à la prison à vie pour guerre d’agression et crimes de guerre, il est libéré sur parole en 1955. Le général Teiichi Suzuki (1888- ?) assume des responsabilités au bureau des affaires chinoises entre 1938 et 1941 avant d’être ministre sans portefeuille et conseiller du ministre des Affaires étrangères. Connu comme un militant de la première heure du militarisme japonais, il est aussi impliqué dans le trafic de stupéfiants des Japonais en Chine. Il recourt au travail des prisonniers comme esclaves. Il est condamné à la prison à vie pour guerre d’agression et crime de guerre. Il obtient le bénéfice de la libération sur parole en 1955.
     
Le général Hideki Togo (1884-1948) devient ambassadeur en Allemagne et en Union soviétique avant de remplir les fonctions de ministre des Affaires étrangères entre 1941 et 1942 ainsi qu’une dernière fois en 1945, il est condamné à vingt ans d’emprisonnement pour guerre d’agression et crime de guerre. Il meurt en détention en 1948. Le général Ideki Tojo (1884-1948), chef de la police secrète en Mandchourie (1935), ayant été ministre de la Guerre et même Premier ministre entre 1940 et 1944, est condamné à mort pour guerre d’agression, crimes de guerre, et pour les atrocités commises sur les civils et les prisonniers. Il est considéré comme un des plus grands responsables des faits criminels commis dans le Pacifique. Le général Yoshijiro Umezu (1882-1949) auquel diverses responsabilités sont confiées telles que celle de vice-ministre de la Guerre ou des commandements de haut niveau, est déclaré coupable de guerre d’agression et de crime de guerre. Il est condamné à la prison à vie, il meurt en détention en 1949.      









 


 

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Les 28 accusés se composent de 9 civils et de 19 militaires, qui se répartissent ainsi : quatre anciens premiers ministres (Hiranuma, Hirota, Koiso, Tojo), trois anciens ministres des Affaires étrangères (Matsuoka, Shigemitsu, Togo), quatre anciens ministres de la Guerre (Araki, Hata, Itagaki, Minami), deux anciens ministres de la Marine (Nagano, Shimada ), six anciens généraux (Doihara, Kimura, Matsui, Muto, Sato, Umezu), deux anciens ambassadeurs (Oshima, Shiratori), trois anciens importants hommes d’affaires (Hoshino, Kaya, Suzuki), un conseiller impérial (Kido), un théoricien radical (Okawa), un ancien amiral (Oka), un ancien colonel (Hashimoto).
Nous pouvons aisément remarquer que la détermination des accusés du Tribunal de Tokyo participe du même souci que celle du Tribunal de Nuremberg. Il importe de juger ici les chefs représentatifs des diverses manifestations de la politique expansionniste japonaise.
§ 3 : La procédure

Le Tribunal de Nuremberg avait été accusé d’être la justice des vainqueurs, c’est encore plus le cas avec ce tribunal : il est manifeste que le Tribunal de Tokyo subit l’influence américaine. De plus, nous sommes forcés de constater que la procédure est plus expéditive. D’ailleurs, on peut remarquer cela dans la formulation des articles 1er des statuts des tribunaux de Nuremberg et de Tokyo.
On ne prendra qu’un exemple : l’article 1er du statut du Tribunal de Nuremberg dispose que le « Tribunal militaire international sera établi … pour juger les criminels … » tandis que l’article 1er de la charte du Tribunal de Tokyo dispose que « Le Tribunal … est établi … pour le juste et prompt châtiment des grands criminels de guerre d’Extrême-Orient ». La rédaction de cet article nous laisse apercevoir une vision plus pragmatique du procès des criminels de guerre japonais.

Section 2 : Les limites

Tous ces japonais font partie du premier groupe des criminels de guerre de classe A. Ceux des deux autres groupes composés d’hommes d’affaires et d’industriels importants sont remis en liberté. Les raisons des décisions d’élargissement des prisonniers sont certainement liées au contexte politique international de l’époque, à savoir la guerre civile chinoise qui permet à Mao Tsé-toung de s’emparer du pouvoir en 1949, et les débuts de la Guerre froide qui fige le monde pour les quarante années à venir. Tous les criminels de guerre japonais sont viscéralement anticommunistes.
L’empereur Hiro-Hito n’est pas non plus poursuivi pour guerre d’agression et crime de guerre alors que des éléments auraient permis de le poursuivre, notamment pour l’attaque de Pearl Harbor (il avait donné l’ordre de plusieurs campagnes après avoir étudié les plans que lui proposait l’Etat-major, il nommait les officiers de haut niveau, il avait surtout donné l’ordre de l’attaque sur Pearl Harbor). Des polémiques ont vu le jour et des chinois ont dénoncé l’échec du procès de Tokyo au triple motif que :
– le premier des criminels de guerre, l’empereur Hiro-Hito, n’a pas été jugé ;
– de nombreux criminels de guerre japonais sont relâchés par les Américains sans aucun procès ;
– les médecins de l’unité 731 ne connaissent pas non plus de difficultés judiciaires et continuent à vivre tranquillement au japon que ce soit comme praticiens en activité ou comme retraités.

De fait, aucun des médecins du camp de Pingfan, pas même son commandant en chef, Ishii Shiro, n’a été traduit en justice. Wu Tianwei soutient que cette clémence s’explique par un pacte passé avec le général Mac Arthur : le liberté en échange des données médicales obtenues grâce aux expérimentations humaines.
Le procès de Tokyo a manifestement été soumis à la raison d’État et la justice qui y est rendue prête à de nombreuses critiques. Plus encore que celle du tribunal de Nuremberg, elle est une justice de vainqueur soumise de façon trop étroite à la tutelle américaine – par l’intermédiaire du « Supreme Command of the Allied Powers » (commandement suprême des forces alliées) – et à son représentant, le général Douglas Mac Arthur. Il nous est permis de penser que la politique américaine vis-à-vis du Japon et de la toute proche Chine devenue communiste a pris le pas sur les principes qui sous-tendent une action judiciaire. De plus, les Etats-Unis sont les principaux pourvoyeurs de fonds du tribunal ; ils ont la haute main sur lui et, enfin, le commandant en chef, le général Mac Arthur, a non seulement le pouvoir de choisir les juges mais également de réduire les peines prononcées, sans toutefois pouvoir les augmenter.
L’influence américaine est beaucoup plus visible pour le tribunal de Tokyo. En effet, durant le procès de Nuremberg, quatre langues sont utilisées, tandis que lors du procès de Tokyo, il n’y en a que deux : l’anglais et le japonais. De la même manière, on remarque que les nations alliées ont chacune un procureur à égalité les uns avec les autres, alors qu’à Tokyo, les procureurs des puissances alliées ne sont que les assistants du procureur des Etats-Unis.
Quant aux infractions et aux personnes jugées, les tribunaux militaires de Nuremberg et de Tokyo différent également : seuls les crimes contre la paix et les infractions aux lois et coutumes de la guerre sont retenus à Tokyo. De plus, ne sont jugées que des personnes physiques, contrairement à Nuremberg où des organisations comme la Gestapo avaient été poursuivies. Ceci est d’autant plus choquant que les organisations patriotiques qui ont prôné la politique expansionniste ne manquent pas. Le résultat des procès de Tokyo peut être considéré comme insatisfaisant dans une large mesure, d’autant plus que des décisions ont continué à être prises par d’autres organisations comme les commissions militaires américaines un peu partout dans le Pacifique. On peut le déplorer, car, ces procès ne se sont pas toujours déroulés dans les conditions normalement associées au concept de justice.
Ainsi pour conclure cette première partie sur les Tribunaux militaires internationaux, nous pouvons reprendre les mots de François de Fontette :
« On aperçoit aisément l’écheveau serré des problèmes posés, qu’ils soient juridiques, historiques, politiques, sociologiques ou philosophiques. Entre les deux extrêmes du coup de pistolet dans la nuque et de la leçon publique de morale, combien sage apparaît la création d’une juridiction pénale internationale ; cela est d’autant plus vrai qu’on y a observé une pondération et un équilibre remarquables puisqu’on n’a pas hésité à acquitter trois accusés. La liberté de parole des avocats (certains membres du NSDAP), l’adoption d’une procédure pour une grande part anglo-saxonne et donc accusatoire, la possibilité pour les accusés eux-mêmes de témoigner dans leur propre cause sont autant d’éléments qui ont contribué à apporter aux débats un grand sérieux et une relative sérénité. La longueur même des débats, les vingt-deux volumes qui en sont la reproduction et les vingt volumes de documents attestent de la minutie avec laquelle les questions ont été étudiées, les interrogatoires menés et la défense entendue. Il suffit d’opposer l’assassinat et l’exposition scandaleuse des cadavres de Mussolini et de Clara Petacci à l’exécution légale des criminels nazis après une sentence judiciaire longuement mûrie. Le premier mode relève de l’ire populaire sauvage, le second est l’expression d’un droit international pénal sans doute appliqué pour la première fois dans toute sa rigueur, mais il faut bien qu’il y ait une première fois et justice n’est pas vengeance.
« La justice ne cesse pas d’exister parce qu’elle se trouve à la fin du drame, du côté de la force victorieuse. Voici longtemps que Blaise Pascal le signifiait en un propos définitif : “ La justice sans la force est impuissante… la force sans la justice est tyrannique. Il faut donc mettre ensemble la justice et la force et pour cela faire que ce qui est juste soit fort ou que ce qui est fort soit juste ”. C’est à cela qu’à Nuremberg on est tant bien que mal parvenu lorsque la lance d’Athéna rencontre le glaive de Thémis, alors la mesure est bonne. »
Avec la création des tribunaux pénaux internationaux, nous allons maintenant assister au passage d’une justice des vainqueurs à une justice au-dessus du vainqueur.

   


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