Poliorcétique Médiévale L'artillerie avant les armes à feu

Article écrit par : Claude Balmefrezol

Mis en ligne le 26/10/2025 à 09:01:41



L’artillerie Médiévale avant les Canon
 
 
 
C'était au printemps 1097 et les Turcs qui gardaient les murs de Nicée étaient d'humeur confiante.
La légendaire cité fortifiée d'Asie Mineure avait été, jusqu'à très récemment, un joyau de la couronne de l'empereur byzantin chrétien Alexis. Elle leur appartenait désormais, ce qui alimentait leur conviction que l'ensemble des territoires de Byzance, toujours plus restreints vont tomber sous peu dans leur escarcelle et que la vague verte ne pourra être arrêtée  car même le pape de Rome semblait incapable de contrecarrer.
Poussé par l'idée que la Terre Sainte était aux mains des musulmans, Urbain II  va exhorter les fidèles à les chasser.
Dans un premier temps poussée par une frénésie religieuse  une bande hétéroclite de paysans et petites gens s, menée par un certain Pierre l'Ermite, s'était lancée à pied depuis le nord de la France dans une sorte de  djihad chrétien. Ils avaient réussi à marcher jusqu'en Asie Mineure où, à Nicée, leur chance avait tourné.
À son apogée, la ville avait parrainé deux conciles œcuméniques historiques, déterminants pour la formulation d'une grande partie des enseignements de l'Église chrétienne primitive.
Malheureusement pour les participants à cette première croisade, les Turcs le 21 novembre 1096, à la bataille de Civetot va tailler en pièce ces croisés
D’ailleurs six mois plus tard, le sol du passage du Dracon était encore jonché de leurs ossements blanchis par le soleil lorsqu'en mai 1097, une puissante armée de Croisés chrétiens arriva sur les lieux et assiégea  la ville. Abrités derrière ces puissants remparts, les Turcs étaient certains de pouvoir résister aux Européens. Mais un arme nouvelle va apparaitre Une compagnie de charpentiers et d'ingénieurs des Croisés va se mettre à la construction d’une arme des plus redoutable
En effet après le bruit caractéristique des marteaux frappant le bois, les Turcs vont voir soudainement, d'énormes rochers qui après avoir  voler  dans les airs, vont s'écraser contre les murs et les tours de la ville, terrifiant ses habitants.
Apres avoir vaincus  deux colonnes de secours turques  les Croisés vont accentuer la pression  en envoyant des têtes humaines tranchées t sur les défenseurs de Nicée. Les Croisés avaient décapité les cadavres turcs qui gisaient en tas autour de Nicée et les envoyaient maintenant voler par-dessus les murs de la ville.
 Le 19 juin, profondément traumatisés par leur épreuve, les Turcs capitulèrent. Leur terreur était telle qu'ils supplièrent qu'on leur permette de rendre la ville aux Byzantins plutôt que d'affronter leur redoutable nouvel ennemi, les Croisés.
Les  Turcs venaient d’ affronter l'arme la plus puissante de l'arsenal européen : la catapulte médiévale.
De l'onagre à la catapulte

 
En matière d'engins de siège, la catapulte du grec « Katapultos » ou « perce-bouclier » qui a semé la terreur parmi les défenseurs assiégés de Nicée était en réalité une imitation de moindre qualité d'une arme de torsion bien plus précise et efficace de l'époque gréco-romaine, l'onagre. Entièrement en bois, l'onagre romain était constitué d'une sorte de châssis monté sur quatre roues sur lequel était monté un long « bras » en bois, muni d'une large fronde.
Le bras de lancement de l'onagre était placé entre des brins de corde épaisse et tendue, enroulés et torsadés pour créer une force de rotation.
Un treuil et un cliquet assuraient la tension du câble Ce  un treuil tendu avec de l'huile de coude apportait la tension finale, tirant le bras de lancement fermement vers l'arrière jusqu'à ce qu'il soit presque à ras du sol.
Le bras était ensuite fixé à l'aide d'un mousqueton et la fronde était chargée, généralement avec une grosse pierre. Lorsque le crochet coulissant se déclenchait, la libération soudaine et violente d'énergie renvoyait le bras de lancement en position verticale, tandis que la fronde propulsait la charge vers la cible
. Le mot « onagre » ou « onagrus » est en réalité le mot latin pour désigner un âne (littéralement, un « âne sauvage »). Les Romains baptisèrent ainsi cet engin en raison de sa tendance à se cabrer lors du tir.
Avec la chute de l'Empire romain et l'avènement du Moyen Âge, l'âge d'or de l'onagre romain prit fin brutalement. Ce n'est qu'au début du Moyen Âge que les seigneurs féodaux d'Europe, s'inspirant des Anciens, tentèrent de faire revivre cette technologie.
Malheureusement, ils furent incapables de produire des cordes de traction aussi résistantes et résilientes que leurs ancêtres romains. Confectionnées à partir de sangles serrées de cuir, de poils d'animaux ou de chanvre, appelées écheveaux, les « cordes » étaient extrêmement vulnérables aux effets de l'humidité, et surtout de la pluie. Si les écheveaux étaient mouillés, voire humides, ils avaient tendance à se détendre, rendant l'ensemble complètement inutilisable. Ce problème était constant, non seulement sous le climat pluvieux de l'Europe occidentale, mais aussi au Moyen-Orient, où, malgré la sécheresse habituelle, de nombreuses armées croisées voyaient leurs engins de siège tant vantés totalement neutralisés par une averse inattendue.
Un autre inconvénient majeur résidait dans le fait que ce  système d'armes médiéval particulier nécessitait un entretien considérable, exigeant l'expertise d'un technicien spécialement formé pour resserrer constamment les écheveaux et rééquilibrer l'ensemble de l'appareil afin de maintenir la machine sur la cible, tâches qui auraient été déjà difficiles à réaliser en temps de paix, et encore moins dans le feu de l'action.
De plus, la bretelle au bout du bras de jet fut inexplicablement remplacée par une pelle en bois de qualité inférieure, ce qui affectait sérieusement la précision de l'arme
Enfin  cette arme est aussi dangereuse pour ses utilisateur
Une catapulte qui casse ou se  désarticule lors du tir est un danger pour les servant  aussi il faut penser au volant de remplaçants cari si le servant habituel est bléssé   ou tué, l'absence de remplaçant qualifié rendait l'arme inutilisable.
Aussi , l' onagre plus facile à mettre en œuvre  revient à la mode sous le nom de  mangonneau dont le nom vient du latin tardif manganum, lui-même emprunté au grec μάγγανον, qui signifie « machine de guerre, resta un parent pauvre.

Cette arme  désignait au Moyen Âge une sorte de catapulte ou d’engin de siège servant à lancer des projectiles contre les fortifications, similaire au trébuchet mais doté de propriétés techniques différentes. Le terme est apparenté au provençal « manganel, manguanel, mangonelh » et à l’italien « mangano, manganello », qui sont tous des diminutifs du même bas latin « manganum ». Au fil de l’histoire, le mot a pu désigner différents types de machines et, par extension, les projectiles eux-mêmes lancés par ces engins. L’apparition du terme est attestée dès le XIIe siècle dans les chroniques médiévales et poèmes.. Dans certains cas, la racine « mangan » désignait aussi des personnes travaillant ou vivant près de ces engins ou sites militaires.
Il avait un autre surnom, « gonne », d'où dérive peut être  notre mot moderne « canon »
si le terme canon
 provient du latin « canna » (roseau, tube) et du grec ancien « κάννα » (kánna, roseau).il peur aussi  dériver du mot gonne.
Le mot « gonne » apparaît en ancien français (XIV-XVe siècles) sous des formes variées (« gonne, gunne », etc.), et correspond à la première génération de « canon à main », ancêtre du fusil ou de l’arquebuse. Il est probablement issu d’une évolution phonétique du terme anglais « gun », lui-même emprunté à l’ancien norrois « gunne » (guerre, combat) ou de l’allemand « Kanone », en relation avec les premières armes à feu portatives. Ce terme servait donc à désigner le tube servant à tirer par déflagration, puis par extension les canons d’artillerie eux-mêmes
Cependant, c'est à la fin du XIIe siècle, au plus fort des croisades, que l'ingénierie militaire médiévale a finalement rattrapé, voire dépassé, ses prédécesseurs avec le développement d'un engin de siège à contrepoids, le trébuchet. Bien que l'on pense que ce sont les Chinois aient inventé un petit type de trébuchet dès 300 av. J.-C., les origines du trébuchet médiéval restent obscures. Le mot « trébuchet » dérive du vieux français « trabucher », qui signifie « renverser ».
Les trébuchets fonctionnaient un peu comme une bascule. Suspendu à une grande structure en bois surélevée, le bras de lancement du trébuchet pivotait sur environ un quart de sa longueur. Un grand contrepoids, pesant jusqu'à 10 tonnes, était suspendu à l'extrémité la plus courte. L'extrémité la plus longue, munie d'une élingue, était descendue à l'aide d'un treuil, élevant le contrepoids très haut dans les airs. Une fois le bras, qui pouvait mesurer jusqu'à 15 mètres de long, fixé, la fronde était soigneusement tendue en dessous et le projectile choisi le plus souvent une grosse pierre pesant parfois plus de 130 kg y était placé
. Lorsque le contrepoids était relâché, le bras s'élevait et la fronde libérait alors l'énorme pierre, la projetant à des centaines de mètres dans l'espace vers la cible, décrivant un arc de cercle en hauteur.
 Avec une telle puissance de choc à l impact  il n'était pas rare que les murs d'un château ou d'une forteresse soient brisés d'un seul coup , comme ce fut le cas lors du siège d'Acre par les Croisés en 1191, lorsqu'un trébuchet particulièrement massif, surnommé « Mauvais voisin », réduisit en miettes des pans entiers des remparts de la ville à chaque tir
En Occitanie  en 1211  les défenseurs d'un château  subirent un sort similaire lors du siège  et ils laissèrent à la postérité le témoignage suivant : « Du premier coup, ils abattirent une tour. Du suivant, à la vue de tous, ils détruisirent une chambre. Au troisième coup, la pierre se désintégra, non sans avoir causé de graves blessures à ceux qui se trouvaient à l'intérieur de la ville. »

 Le trébuchet le plus célèbre de tous était probablement l'énorme engin de siège connu sous le nom de « Loup de Guerre », qui fut utilisé pour soumettre les Écossais lors du siège du château de Stirling en 1304. On dit que 50 charpentiers du roi anglais Édouard Ier travaillèrent jour et nuit à sa création, et lorsqu'ils eurent terminé, ils avaient construit l'équivalent médiéval de la bombe à hydrogène.
Utilisations et limites
Bien que les premiers trébuchets aient un contrepoids fixe ou pivotant, les versions ultérieures ont utilisé un contrepoids coulissant le long du bras, permettant au tireur d'ajuster la portée. La trajectoire était largement déterminée par le poids du projectile et l'angle du mécanisme de largage à l'extrémité du bras du trébuchet.
 Modifier le poids du projectile modifiait la trajectoire. Par conséquent, ajuster l'angle de largage ou la longueur de la bretelle était une préoccupation constante pour l'équipe de tir. Une bretelle plus courte permettait au bras de parcourir un arc plus large avant que la bretelle ne puisse le rattraper, accélérant ainsi sa rotation. Il en résultait une trajectoire plus haute.
Une bretelle plus longue entraînait une rotation plus lente et un largage plus tardif, ce qui produisait une trajectoire plus plate.
Les seuls inconvénients étaient la faible cadence de tir et le manque de mobilité des machines. En effet le transport était impossible en raison de la taille et du poids importants des machines. Par conséquent, il fallait construire des trébuchets en prévision d'un siège
. C'est pourquoi des trébuchets plus petits, dits de traction, furent développés plus tard. Ils utilisaient des projectiles plus petits, capables de balayer des rangées entières d'archers des parapets.
 Les contrepoids massifs furent remplacés par une équipe de plus de 12 hommes tirant sur des cordes attachées à l'extrémité la plus courte du bras de lancement Ainsi la cadence de tir fut ainsi augmentée et les machines pouvaient être déplacées d'un endroit à l'autre, voire utilisées d'une campagne à l'autre, à l'instar de l'artillerie moderne.
On trouvera aussi le Couillard qui est une variante plus petite et plus compacte du trébuchet. Il se compose d'une longue perche pivotante montée sur un axe, avec à une extrémité deux contrepoids appelés « bourses » ou « huches » et à l'autre extrémité une fronde où l'on place les projectiles

Son fonctionnement est simple : en abaissant l'extrémité à fronde à l'aide de cordes, on place le projectile dans la fronde, puis on lâche la perche pour propulser le projectile. Sa portée pouvait atteindre environ 180 à 200 mètres, avec une cadence de tir relativement rapide, jusqu'à 10 tirs par heure. Il nécessitait entre 4 et 8 personnes pour fonctionner.
Le couillard tirait essentiellement des boulets en pierre (pesant de 30 à 80 kg), mais aussi des projectiles biologiques comme des cadavres d'animaux malades pour contaminer une place assiégée, ou des matériaux destinés à infliger des dégâts aux fortifications.
Cet engin a été utilisé du XIVe au XVIe siècle avant d'être remplacé par les armes à feu plus modernes. Il est aujourd'hui reconstitué dans plusieurs châteaux français pour des démonstrations historiques.
Ils vont servir comme arme de terreur ou biologe avant l heure par l envoi par-dessus les murailles ;  des têtes coupées, mais aussi des otages, des prisonniers
capturés, des négociateurs inefficaces, des lépreux, des pestiférés, des cadavres humains, des carcasses d'animaux malades, des barils d'excréments et toutes sortes de vermines furent jetés par-dessus de nombreux châteaux ou remparts pour tenter d'obtenir la capitulation.
En effet rien de tel pour contaminer une place assiégée que des  projectiles biologiques Nottament au siège de Caffa en  1341 . Ces projectiles étaient lancés à l’aide de machines de siège comme le couillard ou le mangonneau pour propager la maladie et affaiblir ainsi la défense ennemie par la contamination.
Cette tactique de guerre biologique visait à semer panique et maladie dans les garnisons assiégées, rendant la résistance plus difficile. é aggravées par le bombardement systématique de ces projectiles contaminé
Internet
Les trébuchets devinrent un tel pilier de la guerre qu'ils restèrent en usage pendant des siècles et connurent une longue et pénible disparition, finalement supplantés par la poudre à canon, le canon. Sa dernière utilisation attestée remonte à 1521, au Nouveau Monde, lorsque les conquistadors espagnols menés par Hernán Cortés assiégèrent la capitale aztèque de Tenochtitlan, dans l'actuelle Mexico.
Autre utilisation inattendue mais plus pacifique En temps de paix, les trébuchets étaient utilisés pour couvrir de roses les dames de la cour royale lors des tournois 
 
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